Dix-neuf ressortissants ouest-africains récemment expulsés par les États-Unis vers le Ghana ont été déplacés dans un lieu inconnu, a déclaré Ana Dionne-Lanier, avocate représentant l’un des migrants.
Le sort incertain des migrants ouest-africains expulsés des États-Unis vers le Ghana
Le groupe était arrivé dans la capitale ghanéenne le 5 novembre et avait été hébergé dans un hôtel, protégé de toute expulsion vers ses pays d’origine en raison du risque de torture, de persécution ou de traitements inhumains.
« Nous ignorons le lieu où se trouvent ces personnes », a précisé Mme Dionne-Lanier, soulignant que ni elle ni les familles des migrants n’avaient pu établir de contact avec eux. Une partie du groupe aurait été envoyée par bus vers une frontière non précisée entre le week-end dernier et lundi, tandis qu’un second groupe, dont son client, a été déplacé mercredi sous une forte escorte armée. Le gouvernement ghanéen n’a pas immédiatement répondu aux sollicitations de commentaires.
Ces expulsions interviennent dans le cadre d’un programme de transfert vers des pays tiers mis en place par l’administration Trump. Des migrants ont ainsi été envoyés vers au moins cinq États africains, dont l’Eswatini, le Rwanda et le Soudan du Sud. Ce programme, largement secret, a été critiqué par des experts en droits humains, qui s’inquiètent du respect des protections internationales des demandeurs d’asile et de la qualité du contrôle préalable aux expulsions.
Face à des décisions judiciaires empêchant le renvoi direct vers leur pays d’origine, l’administration américaine a intensifié ses accords bilatéraux pour transférer ces migrants vers des pays tiers. Au Ghana, l’organisation Democracy Hub a déposé le mois dernier une action en justice contre le gouvernement ghanéen, jugeant l’accord avec Washington inconstitutionnel et susceptible de violer les conventions internationales interdisant d’expulser des personnes vers des pays où elles risqueraient la persécution.
Le ministère américain de la Justice a rappelé en septembre devant un tribunal fédéral qu’il n’avait aucun contrôle sur la manière dont un autre État traite les personnes transférées, tout en soulignant que le Ghana avait garanti qu’il ne renverrait pas ces migrants vers leurs pays d’origine.
Depuis juillet, des dizaines de migrants ont ainsi été transférés d’Amérique vers l’Afrique, dans le cadre de cette politique visant à dissuader l’immigration illégale et à expulser ceux déjà présents sur le sol américain, notamment les personnes accusées de crimes ou celles qui ne pouvaient être renvoyées directement chez elles.