Au Maroc, le caftan n’est pas un simple vêtement : il est un symbole vivant d’élégance, d’identité et de continuité culturelle.
UNESCO : le caftan marocain aspire au statut de patrimoine mondial
Né dans les palais, façonné par des siècles de tradition et d’influences multiples, il continue de fasciner le monde par la richesse de ses étoffes, la finesse de ses broderies et l’harmonie de ses lignes.
Le Royaume a récemment soumis à l’UNESCO un dossier pour faire inscrire le caftan marocain et le savoir-faire lié à sa confection sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette candidature sera examinée lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental, prévue en décembre 2025. Une reconnaissance internationale qui viendrait consacrer un art vestimentaire transmis de génération en génération.
À l’origine porté par les hommes, le caftan s’est féminisé au fil des siècles, devenant une icône universelle de la mode. Les plus grandes maisons, de Dior à Balenciaga, en passant par Yves Saint Laurent ou Valentino, ont puisé leur inspiration dans ses coupes majestueuses et son élégance intemporelle. Pourtant, ce sont les mains patientes et expertes des artisans marocains qui, depuis des siècles, lui confèrent son âme.
Pour la créatrice Fedila El Gadi, figure de proue du design marocain, « le caftan est plus qu’un vêtement, c’est un symbole de raffinement, d’héritage et d’identité ». Inspirée par la richesse de l’artisanat national, elle réinvente le caftan tout en respectant son essence. Dans son école d’artisanat fondée à Salé, elle forme des enfants défavorisés à la broderie traditionnelle, contribuant ainsi à préserver ce savoir-faire séculaire. « Le but de cette école est de sauvegarder l’artisanat marocain et d’assurer la transmission de cet art », explique-t-elle.
Au Musée des bijoux de Rabat, Hajar El Khawda, conservatrice adjointe, souligne la complexité des techniques impliquées : « Le caftan rassemble toute une série de savoir-faire. Les tissus varient d’une région à l’autre, et certains motifs sont d’une difficulté d’exécution remarquable. » Des ateliers de Salé, Tétouan, Marrakech ou Fès émergent ainsi des pièces uniques, témoins d’une créativité sans cesse renouvelée.
Entre le caftan du XIXᵉ siècle et celui du XXIᵉ, un fil d’or relie l’héritage et la modernité. Chaque point de couture, chaque broderie, chaque fil de velours raconte l’histoire d’un peuple qui a su préserver l’essence de sa culture tout en dialoguant avec le monde.
Aujourd’hui, le Maroc espère que l’UNESCO reconnaîtra ce joyau textile comme patrimoine immatériel universel, scellant ainsi la place du caftan comme ambassadeur éternel de l’élégance et de l’identité marocaines.