Dans l'est de la République Démocratique du Congo, la ville de Bukavu est plongée dans l'affliction. Quatorze personnes, toutes issues de deux familles, ont péri dans un incendie dévastateur qui a frappé le quartier populaire de Funu dans la nuit de dimanche à lundi.
RDC : Un incendie mortel fait 14 victimes à Bukavu, la ville en deuil et sous le choc
Le sinistre s'est déclaré vers minuit, transformant la tranquillité nocturne en un cauchemar incandescent. L'origine du brasier reste, pour l'heure, un mystère, ajoutant au désarroi général.
Ce lundi matin, l'émotion était encore palpable sur les lieux du drame. L'odeur âcre de la fumée imprégnait toujours l'air, se mêlant à une tristesse collective suffocante.
Au milieu des décombres encore fumants, vestiges calcinés d'une vie brutalement interrompue, les volontaires de la Croix-Rouge, épaulés par les jeunes du quartier, s'affairent dans un silence pesant. Chaque mouvement est lourd de sens, chaque geste délicat. Ils extraient les corps calcinés des victimes, alignés au sol et recouverts de sacs mortuaires. Un spectacle insoutenable qui glace le sang et suscite une douleur profonde et universelle au sein de la communauté. Les visages des volontaires, marqués par l'épuisement et la consternation, témoignent de l'horreur des scènes auxquelles ils ont été confrontés.
Patrick Gedeon, un rescapé miraculé de cette nuit d'enfer, peine à trouver ses mots, la voix brisée par le choc. Il raconte avec une lucidité déchirante les instants où le feu a envahi sa maison : « Lorsque j'ai entendu des bruits, je me suis réveillé pour aller vérifier ce qui s'était passé. J'ai vu du feu et j'ai réussi à m'échapper. Quand je suis revenu, j'ai constaté que 14 personnes étaient mortes. » Son témoignage glace le sang et souligne la rapidité avec laquelle le brasier a emporté des vies innocentes.
Cet incendie a ravagé plusieurs habitations, ne laissant derrière lui que des cendres, des gravats et le désespoir. Les structures autrefois habitées ne sont plus que des squelettes noircis, des témoins silencieux d'une tragédie indicible.
Les victimes, des femmes et des enfants pour la plupart, n'ont eu aucune chance face à la violence inouïe du brasier qui s'est propagé avec une rapidité fulgurante.
Olivier Bangalwa, un autre rescapé dont le regard porte encore l'effroi, décrit l'impuissance face aux flammes. Son récit est glaçant : « Lorsque j'ai vu l'escalier prendre feu, ceux qui étaient à l'étage n'avaient plus la possibilité de s'échapper. Après, le feu a monté vers la charpente, il y a eu beaucoup de chaleur qui a tué ceux qui étaient coincés. »
À Bukavu, une ville de plus de 3 millions d'habitants, ces tragédies ne sont malheureusement pas isolées. Loin d'être un cas unique, les incendies sont des fléaux récurrents, des drames qui se répètent avec une régularité alarmante.
Ils sont souvent favorisés par une urbanisation galopante et des constructions anarchiques, où les normes de sécurité sont souvent ignorées ou inexistantes. Les branchements électriques improvisés et l'absence de matériaux ignifuges transforment des habitations modestes en véritables pièges mortels en cas de départ de feu.
Au milieu des lamentations et des scènes de désolation, Ngwabuluka Jean, une victime qui a tout perdu, lance un appel poignant à l'aide : « Nous avons beaucoup perdu et nous pleurons. Notre souci est que le gouvernement nous aide et vienne en aide, car nous n'avons plus rien. Ça serait mieux. » Son cri est celui de milliers d'habitants de Bukavu qui, face à l'adversité, comptent sur un soutien et une solidarité pour reconstruire ce qui a été détruit.
La tragédie de Funu résonne comme un cri d'alarme, non seulement pour Bukavu, mais pour toute la République Démocratique du Congo. Bukavu pleure ses morts et interpelle sur la nécessité urgente d'agir face à ces drames devenus bien trop récurrents. La question de la sécurité des habitations, de l'urbanisme et de la prévention des incendies se pose avec une acuité particulière.
Cette ville de l'est de la RDC est sous le contrôle des rebelles de l'AFC-M23 depuis début février 2025. Ce contexte politique et sécuritaire déjà tendu vient ajouter une couche de complexité à cette catastrophe humanitaire.
La rébellion a promis un enterrement digne pour les victimes, un geste qui, même s'il n'efface pas la douleur, offre un semblant de réconfort aux familles endeuillées et à la communauté tout entière.