Les mannequins créés par IA vont-ils envahir l’industrie de la mode ?

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À une époque où des mannequins virtuels apparaissent dans de grandes campagnes de mode et dans les pages de célèbres magazines, les jours des mannequins humains sont-ils comptés ?

Créée par la société de mode IA Seraphinne Vallora, basée à Londres, Vivi fait actuellement sensation dans le secteur de la mode. Elle a pu être aperçue dans la dernière campagne de Guess ou encore dans les pages de Vogue et de Harper's Bazaar.

Pour l’agence Seraphinne Vallora, l'IA peut réduire les coûts des campagnes pour les marques, en évitant les tournages trop chers. La campagne Guess s'est inspirée des rues de Carthagène, en Colombie, mais elle a été conçue et réalisée au Royaume-Uni.

Lorsque Paul Marciano, le fondateur de Guess, a contacté Valentina Gonzalez et Andreea Petrescu, les fondatrices de Seraphinne Vallora, les deux femmes se sont mises au travail pour créer un nouveau super modèle, prêtes à révolutionner l’industrie.

"Vivi est un mannequin que nous avons créé pour Guess. En fait, lorsque nous travaillons avec une marque, nous découvrons son ADN. L'ADN d'une marque ne se résume pas seulement à son travail, mais aussi à son modèle. Le modèle est un élément essentiel qui fait d'une marque ce qu’elle est. Vivi incarne donc ce que Guess a toujours fait par le passé. C'est une femme magnifique. Elle ressemble à une déesse. Elle est féminine et sensuelle”, explique Valentina.

Les modèles sont minces, glamour et d'une beauté qui correspond aux standards occidentaux, mais Seraphinne Vallora affirme que son logiciel d'IA peut produire des modèles de toutes les ethnies, de toutes les tailles et de tous les poids.

Cependant, elle admet que ce sont les mannequins qui se conforment aux normes de beauté “classiques” qui suscitent le plus d'intérêt sur les réseaux sociaux.

En tant que premier mannequin IA à faire la une d'une grande campagne de mode, Vivi a certainement suscité de la colère dans l'industrie du mannequinat, mais Petrescu explique que : “Nous avons identifié un véritable problème sur le marché. Il est parfois très, très difficile de créer des campagnes de marketing, surtout si elles se déroulent sur place et si vous avez besoin d'une variété de modèles, d'une variété de concepts en général. Les entreprises ont donc besoin de créer plus de contenu et plus rapidement”.

Seraphinne Vallora ne souhaite pas partager trop de ses secrets en matière d'IA, mais précise que tous ses modèles sont totalement originaux et ne sont pas basés sur des modèles humains ou des célébrités.

Toutefois, lors de la phase de conception du mood board, ils peuvent s'inspirer d'êtres humains.

"Nous ne copions personne. Nous commençons par dessiner le visage. Nous pensons aux petits détails, comme la couleur des yeux, la taille des lèvres, les sourcils, la forme des sourcils", explique Gonzalez.

"Ensuite, nous nous attaquons à la construction du corps. Nous concevons littéralement tout à partir de zéro. Et c'est ainsi que nous construisons les modèles. Nous ne copions la beauté de personne. Nous utilisons des références non pas dans le processus de conception, mais plutôt pour définir la personnalité, les poses ou les choses de ce genre qui sont plus créatives. En fait, nous créons un moodboard de l'ambiance".

Quel avenir pour les modèles réels ?

Simon Chambers, directeur de l’agence Storm Management, s'intéresse à l'IA et comprend qu'elle peut être un outil utile pour la pré-planification des prises de vue ou la réduction des coûts, mais il pense qu'au sommet de l'échelle, rien ne peut remplacer la réalité.

Bien que les équipes créatives travaillent ensemble pour produire des campagnes d'IA, il pense que le manque de spontanéité ne peut pas être bénéfique pour le processus créatif.

"Les tournages comportent souvent des moments de créativité spontanés", explique-t-il.

"Les séances photo impliquent souvent des moments spontanés de créativité. L'interaction entre le photographe, le styliste, le directeur artistique, le coiffeur, le maquilleur et le mannequin s'harmonise, et c'est souvent une question de timing. C'est une question de relations humaines. Vous savez, la mode est un langage. Le langage est une forme d'expression, l'expression d'une humeur, d'une émotion, de la façon dont les gens voient le monde, dont ils veulent être vus et compris, et tout cela peut se combiner dans une atmosphère créative pour produire quelque chose de vraiment, vraiment incroyable".

Toujours à la recherche de grand talent, Storm Management a signé Cara Delevingne, Soo Joo Park et Fei Fei Sun, entre autres, alors qu’elles étaient encore des anonymes.

Vivi est un mannequin inconnu qui a soudainement fait parler d’elle en collaborant avec une grande marque..... N'est-ce pas exactement ce que Storm recherche ? Simon Chambers n'est pas de cet avis !

"Il ne sert à rien de représenter un tas de pixels s'il n'y a pas d'histoire derrière", explique-t-il.

"Ce serait un travail énorme que de créer et d'entretenir un monde autour de quelqu'un, autour d'une création, qui pourrait faire une campagne de temps en temps. Mais il faut ensuite remplir le reste de leurs journées - ce qu'ils prennent au petit-déjeuner, où ils vont, vous savez, est-ce qu'ils vont au cinéma ? Est-ce qu'ils font des pique-niques avec leurs amis ? Je pense que je préfèrerai m'en tenir à de vraies personnes, oui".

Seraphinne Vallora comprend bien le besoin de créer une histoire, des potins et une présence sur les médias sociaux pour ses talents et envisage de donner à Vivi exactement ce genre de style de vie, que ses fans pourront suivre.

Le monde regorge d'êtres humains, beaux et talentueux qui aimeraient entrer dans l'industrie de la mode. Vivi prend-elle des emplois dans le seul but de réduire les coûts ? Seraphinne Vallora s'empresse de répondre à cette question et de souligner que l’agence travaille avec des photographes, des stylistes et même des mannequins pour affiner ses images finales dans le cadre d'un processus créatif complexe.

"Et nous n'essayons pas - encore une fois - de remplacer quoi que ce soit, mais nous essayons vraiment d'apporter une vraie solution parce que dans la photographie classique, vous pouvez vous permettre, en raison des limitations, peut-être deux campagnes par an. Mais avec l'IA, les choses peuvent être plus rapides et plus flexibles, nous pouvons fournir du contenu tout au long de l'année", explique Petrescu.

Contactés par Associated Press, Vogue et Guess n'ont pas répondu aux sollicitations.

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