Après l’arrestation de onze personnes, dont six membres du PPA CI, parti politique de Laurent Gbagbo, la formation politique réagit.
Côte d’Ivoire : le PPA-CI dénonce l’arrestation de plusieurs responsables
À trois mois de l’élection présidentielle, le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire.
Dans la nuit du vendredi 1er août, des violences ont été observées dans le quartier populaire de Yopougon, à Abidjan, conduisant à l’arrestation de onze personnes, dont six membres du PPA-CI.
L'un des principaux partis d'opposition en Côte d'Ivoire dénonce ce qu'il qualifie d'"arrestations arbitraires". Ces derniers estiment qu’elles s'inscrivent dans le cadre d'une répression plus large résultant de la disqualification des principaux rivaux du président Alassane Ouattara et de sa candidature à un quatrième mandat.
Interrogé par Africanews, Jean Gervais Tchéidé, secrétaire général et porte-parole adjoint du PPA-CI est catégorique : “Les personnes – les six personnes qui ont été arrêtées sont des camarades, des cadres de la direction du parti et d'autres militants de Yopougon”. Le secrétaire général estime que cette arrestation est due à leur engagement envers le parti politique : “Ils étaient très actifs dans la collecte de parrainages pour la candidature du président Laurent Gbagbo pour l'élection présidentielle 2025. C’est ce qui les relie tous. Le piège est tellement visible, cousu de fil rouge, que même un bébé de deux ans verrait que c'est un coup monté”, affirme-t-il.
Des propos repris également par Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du Parti africain des peuples-Côte d'Ivoire (PPA-CI). Lors d'une conférence de presse dimanche, il a déclaré que les membres du parti avaient été “enlevés et emmenés dans des lieux inconnus” dans la nuit de samedi à dimanche.
Parmi eux se trouvent des membres du parti de Youpougon, une banlieue de la capitale Abidjan, où des assaillants armés ont incendié un bus et attaqué la police quelques jours auparavant, a-t-il déclaré.
Le ministre de l'Intérieur, Vagondo Diomandé, a diffusé dimanche, lors du journal télévisé de 20 h sur la chaîne nationale, une vidéo montrant un homme se présentant comme un membre du PPA-CI avouant sa participation à l'attaque et déclarant avoir agi au nom du parti avec 15 autres personnes.
"Les aveux ont été obtenus légalement", a déclaré Diomandé, réfutant les affirmations du PPA-CI selon lesquelles des membres du parti auraient été arrêtés illégalement.
“Dans notre pays, aucune arrestation n'est arbitraire”, a-t-il déclaré. "Le ministère veille à ce que toutes les infractions fassent l'objet d'une procédure judiciaire en bonne et due forme, mettant ainsi fin à l'ère des détentions sommaires et arbitraires qui a jadis entaché notre nation".
Le PPA-CI a condamné l'attaque du bus et a nié toute implication.
Climat tendu à trois mois du scrutin présidentiel
Les élections présidentielles en Côte d'Ivoire sont prévues pour le 12 octobre. Alassane Ouattara, qui est au pouvoir depuis 2011, est susceptible de rester à son poste avec peu ou pas de contestation de la part d'une opposition affaiblie. Il a annoncé, la semaine dernière, sa candidature pour un quatrième mandat.
"Monsieur Ouattara choisit les candidats qu’il veut affronter et met en place un simulacre d’élection et faire un coup d’État électoral à nouveau , comme il a fait en 2020, en 2010, pour se perpétuer au pouvoir en violant toutes les règles de la République de Côte d’Ivoire à commencer par la Constitution”, déplore secrétaire général et porte-parole adjoint du PPA-CI, dans l'interview accordée à Africanews.
La tension s'est accrue dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, alimentée par l'exclusion des principaux candidats de l'opposition des listes électorales, y compris Laurent Gbagbo du PPA-CI et le principal rival du président, Tidjane Thiam, du PDCI.
Les élections en Côte d'Ivoire ont déjà été marquées par des tensions et des violences. Lorsque Ouattara a annoncé sa candidature à un troisième mandat en 2020, plusieurs personnes ont été tuées dans les violences qui ont suivi. Le pays a aussi traversé une guerre en 2010-2011 suite à des élections présidentielles contestées.