Maroc : des mesures pour améliorer la gestion des chiens errants

Des travailleurs inspectent les chiens dans un centre de stérilisation et de vaccination des chiens errants à la périphérie de Rabat, au Maroc, le jeudi 15 mai 2025.   -  
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Le Maroc dévoile des politiques visant à renforcer la prise en charge et la gestion des chiens errants.

Une chienne bâtarde, une médaille bleue attachée à l'oreille, gémit tandis qu'on la sort de sa cage et la transporte vers une table d'opération pour une stérilisation et un vaccin contre la rage, deux étapes cruciales avant sa remise en liberté dans les rues de la capitale marocaine.

Le « Beldi », comme on appelle les chiens errants marocains, fait partie des centaines de chiens emmenés de Rabat vers une fourrière située dans une forêt voisine. Dans le cadre d'un programme élargi « Capture, stérilisation, vaccination et remise en liberté », des chiens comme elle sont examinés, soignés et finalement relâchés avec des médailles attestant qu'ils ne présentent aucun danger.

« Nous avons un problème : les chiens errants. Nous devons donc le résoudre, mais dans le respect des animaux », a déclaré Mohamed Roudani, directeur de la Direction de la santé publique et des espaces verts au ministère de l'Intérieur marocain.

Trouver l'équilibre entre sécurité et bien-être animal

Le Maroc a adopté le programme « Piéger, Castrer, Vacciner et Remettre en liberté » (TVNR) en 2019. Un centre a ouvert à Rabat et d'autres devraient ouvrir dans au moins 14 autres villes, alignant ainsi le Maroc sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé animale. Le gouvernement a investi environ 23 millions de dollars au cours des cinq dernières années dans des centres et des programmes de contrôle des animaux.

Roudani a déclaré que la nouvelle approche marocaine conciliait sécurité publique, santé et bien-être animal. Les autorités locales, a-t-il ajouté, étaient désireuses d'étendre les centres TVNR à l'ensemble du pays.

Bien que les estimations de population soient difficiles à réaliser, les autorités marocaines estiment leur nombre entre 1,2 et 1,5 million, sur la base d'échantillons de chiens errants marqués et étiquetés. Certains quartiers les accueillent et les soignent collectivement. Cependant, d'autres dénoncent leur présence, la qualifiant de fléau, et soulignent que plus de 100 000 Marocains ont dû être vaccinés contre la rage après des attaques.

Un projet de loi est en cours d'élaboration. Il obligerait les propriétaires à vacciner leurs animaux et sanctionnerait les maltraitances.

À l'intérieur du centre

Lors d'une visite organisée pour les journalistes dans un centre TNVR à El Aarjate, les enclos pour chiens semblent spacieux et bien rangés, avec des sols propres et une odeur de désinfectant. Les gamelles sont régulièrement renouvelées par le personnel qui se déplace d'un espace à l'autre, prodiguant des mots doux et les manipulant avec précaution. Certains membres du personnel disent s'attacher tellement aux chiens qu'ils leur manquent lorsqu'ils sont relâchés pour faire de la place aux nouveaux arrivants.

Les vétérinaires et les médecins de l'Association pour la protection des animaux et de la nature prennent soin de 400 à 500 chiens errants de Rabat et des villes environnantes. Les chiens jugés malades ou agressifs par les vétérinaires sont euthanasiés au pentobarbital sodique, tandis que les autres sont relâchés, incapables de propager des maladies ou de se reproduire.

Youssef Lhor, médecin et vétérinaire, a déclaré que les méthodes agressives d'abattage des chiens ne protégeaient pas efficacement les communautés contre la rage ou les agressions. Il a estimé qu'il était plus judicieux d'essayer de garantir une cohabitation sûre entre les humains et les chiens, soulignant que plus de 200 d'entre eux avaient été relâchés après avoir été soignés au centre de la région de Rabat.

« Abattre des chiens ne mène à rien. Cette stratégie TNVR n'est pas une solution miracle, mais elle s'ajoutera à toutes nos autres actions », a-t-il déclaré, faisant référence au programme « Traiter, Castrer, Vacciner, Restituer ».

Ce programme vise à réduire progressivement la population de chiens errants tout en minimisant le recours à l'euthanasie.

C'est un programme que le Maroc souhaite vivement mettre en avant, après que des associations de défense des animaux l'ont accusé d'intensifier ses efforts d'abattage des chiens errants après avoir été désigné co-organisateur de la Coupe du Monde de la FIFA 2030 l'année dernière.

Manifestations des associations de défense des animaux

Les associations de défense des animaux utilisent régulièrement les grands événements sportifs pour attirer l'attention sur leur cause et ont également ciblé la Russie à l'approche de la Coupe du Monde de la FIFA 2018.

Citant des sources anonymes et des vidéos qu'elle prétend avoir été tournées au Maroc, la Coalition internationale pour la protection et le bien-être des animaux a affirmé en janvier que le Maroc exterminait 3 millions de chiens, notamment autour des villes où des stades sont en construction. Ces allégations, largement relayées par des médias internationaux peu présents au Maroc, ont déclenché des manifestations anti-FIFA jusqu'à Ahmedabad, en Inde.

« Ces chiens sont abattus dans la rue, souvent sous les yeux des enfants, ou emmenés avec des nœuds coulants pour mourir lentement et dans d'atroces souffrances », a déclaré Ian Ward, président de la coalition, dans un communiqué.

Les responsables marocains nient catégoriquement ces allégations et affirment mettre en œuvre les programmes mêmes proposés par les militants, dont TNVR. Ils rejettent l'idée que toute politique soit liée à la Coupe du Monde. Pourtant, les critiques considèrent ces efforts comme des coups de pub et doutent que ces programmes soient aussi répandus que le prétendent les autorités.

Des cas de maltraitance et d'euthanasie par arme à feu ont été rapportés dans les médias locaux, mais les autorités marocaines affirment que, malgré l'attention internationale, il s'agit d'incidents isolés qui ne reflètent pas la réalité du terrain à l'échelle nationale.

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