Lundi, la police a déployé un important dispositif de sécurité à Harare, la capitale du Zimbabwe, ainsi que dans d'autres villes du pays, neutralisant largement l’appel des anciens combattants à organiser des manifestations de masse contre les projets de prolongation du mandat du président Emmerson Mnangagwa.
Zimbabwe : les manifestations de l'opposition enrayées par la police
En janvier, le parti au pouvoir, la ZANU-PF, a annoncé son intention de prolonger le mandat de Mnangagwa de deux ans, jusqu'en 2030. Ce dernier, arrivé au pouvoir en 2017 après le renversement de son mentor Robert Mugabe lors d’un coup d'État, est actuellement dans son dernier mandat selon la constitution du pays.
Les vétérans de la guerre d'indépendance, dirigés par Blessed Geza, qui soutenaient auparavant Mnangagwa, se sont retournés contre lui, l’accusant de chercher à rester au pouvoir au-delà de ce que la loi permet. Face à l'incertitude de la situation, de nombreuses entreprises ont renforcé leurs mesures de sécurité, tandis que certains concessionnaires automobiles ont vidé leurs salles d'exposition ces derniers jours.
Le lundi, de nombreuses entreprises, écoles et commerces sont restés fermés à Harare, à Bulawayo, ainsi que dans d'autres villes, tandis qu’une forte présence policière patrouillait dans les rues quasiment désertes. La police, dans un communiqué, a assuré que la situation était "pacifique" et a encouragé les citoyens à poursuivre leurs activités quotidiennes.
Cependant, dans la banlieue ouest de Harare, la police a dispersé un petit groupe de manifestants à coups de gaz lacrymogènes. Ces derniers scandaient "Nous rejetons 2030 !" en référence au projet de prolongation du mandat de Mnangagwa.
Certains analystes politiques, comme Ibbo Mandaza, estiment que la paralysie économique actuelle envoie un message fort aux dirigeants politiques. Selon lui, "l'arrêt de l'activité économique est une déclaration massive de la population du Zimbabwe. Ceux qui sont au pouvoir ont des raisons d'avoir peur".
Blessed Geza, le leader des anciens combattants ayant lancé l’appel à manifester, n’a pas réagi publiquement lundi matin. Les vétérans de la guerre d'indépendance, bien qu’ayant perdu une partie de leur soutien populaire, restent une force influente au sein de la ZANU-PF. Leur mobilisation pourrait combler un vide laissé par des partis d'opposition, fragilisés par des divisions internes et une lutte constante avec le pouvoir en place.
Bien qu'Emmerson Mnangagwa a nié à plusieurs reprises vouloir prolonger sa présidence, les vétérans et de nombreux observateurs estiment qu'il continue de mettre en œuvre ce projet, en utilisant des mandataires pour contourner les restrictions constitutionnelles. La constitution zimbabwéenne de 2013 limite en effet les présidents à deux mandats de cinq ans.