Les dirigeants éthiopiens ont cherché mercredi à minimiser l'importance de la retraite récente de l'armée de Mekele, capitale de la région en guerre du Tigré, affirmant être en mesure de reprendre la ville quand ils le souhaiteront.
Ethiopie : les autorités minimisent la perte de la capitale du Tigré
La ville de Mekele était sous le contrôle de l'armée fédérale depuis le 28 novembre, trois semaines après le lancement par le Premier ministre Abiy Ahmed d'une offensive pour renverser les autorités locales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Les troupes pro-TPLF ont repris la ville lundi, marquant un tournant majeur après près de huit mois de conflit.
Mekele a "perdu son (rôle de) centre de gravité", a déclaré Abiy Ahmed dans une vidéo transmise mercredi par ses équipes. "Du point de vue militaire, Mekele n'a pas le même intérêt que quand nous y sommes entrés", a ajouté le prix Nobel de la paix 2019.
Mercredi, le général Bacha Debele a lui affirmé devant la presse que le retrait de Mekele était destiné à "soulager" la population.
Mais "s'ils (les forces tigréennes) nous provoquent, nous pouvons revenir à Mekele aujourd'hui. Cependant, les destructions seront pires qu'avant", a-t-il ajouté.
De son côté, Redwan Hussein, le porte-parole de la cellule de crise gouvernementale pour le Tigré, a décrit le retrait de l'armée comme stratégique, affirmant que les rebelles n'étaient "plus une menace existentielle pour le bien-être de la nation".
Les forces pro-TPLF, appelées Forces de défense du Tigré (TDF), ont pénétré lundi soir dans Mekele, que l'armée et l'administration avaient désertée plus tôt dans la journée face à l'avancée rebelle.
Le gouvernement fédéral a dans la foulée décrété un "cessez-le-feu unilatéral", afin notamment de permettre le bon déroulement des cultures par la population de la région et la distribution d'aide humanitaire.
Les TDF ont continué mardi de gagner du terrain et, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) contrôlent désormais la majeure partie du Tigré.
Mardi soir, Getachew Reda, un porte-parole des forces rebelles, a qualifié le cessez-le-feu de "blague", allant jusqu'à menacer de "marcher" sur les capitales de l'Ethiopie et de l'Erythrée, frontalière du Tigré et dont les troupes sont intervenues dans le conflit, pour défendre la région.
Il s'est félicité d'avoir remporté à Mekele une victoire militaire contre les forces fédérales, affirmant que leurs "éléments les plus forts" ont été anéantis.