Ethiopie : au moins deux morts dans des manifestations

Au moins deux personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans des manifestations mercredi en Ethiopie contre le Premier ministre et prix Nobel de la Paix Abiy Ahmed, ont rapporté jeudi les médias publics alors que, selon des témoins, les actions de protestation se poursuivaient.

Mis à jour à 14h 20 GMT

Des mouvements de protestation ont eu lieu mercredi dans plusieurs villes du pays, après un face à face tendu à Addis Abeba, entre des membres des forces de sécurité et des partisans de Jawar Mohammed, le fondateur du média d’opposition Oromia Media Network (OMN), basé aux États-Unis, et rentré en août dernier en Ethiopie.

Les manifestations à Adama, au sud-est d’Addis Abeba, “ont fait deux morts, 50 blessés et causé d’importants dégâts matériels”, a déclaré à l’agence de presse éthiopienne d’Etat ENA Dejene Muleta, commandant de la police de cette ville de la région d’Oromia.

Il n’a pas précisé comment ces personnes avaient été tuées et blessées.

Shimeles Abdisa, vice-président de la région, a reconnu que les manifestations avaient fait des morts, se disant “désolé pour les pertes de vies” et mentionnant aussi des destructions de biens.

Des témoins ont rapporté que l’atmosphère restait tendue à Adama jeudi, avec des protestations et des fermetures de rues pour la deuxième journée consécutive.

“Des actions de protestation ont de nouveau lieu aujourd’hui. Les rues sont fermées et personne ne vas à l‘école. Les gens restent chez eux. Les hôpitaux sont fermés et les gens sont privés de soins”, a déclaré Tesfay Bekele, un habitant d’Adama.

A Addis Abeba, la capitale, des partisans de M. Jawar étaient rassemblés en grand nombre jeudi autour de sa résidence après y avoir passé la nuit.

Les Oromo divisés

“Des gens sont venus même d’au-delà d’Addis pour le protéger. J’ai fait 8 km pour arriver. Nous n’avons pas confiance dans la police fédérale”, a dit l’un d’eux, Ousman Abdulahi.

Jawar Mohammed a joué un rôle clé dans  les manifestations antigouvernementales ayant mené à la chute du prédécesseur de M. Abiy et à la nomination de ce dernier comme premier Premier ministre issu du groupe ethnique oromo, le plus nombreux d’Ethiopie.

Cet activiste controversé est accusé par ses détracteurs d’inciter à la haine ethnique et de n’avoir pour but que de déstabiliser le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.

Les relations entre les deux hommes se sont récemment détériorées, Jawar Mohammed ayant critiqué publiquement plusieurs réformes d’Abiy Ahmed, qui vient d‘être récompensé par le prix Nobel de la paix.

Jawar Mohammed a affirmé sur Facebook que les autorités avaient tenté d‘écarter son service de sécurité, ce qui avait provoqué la confrontation de mercredi.

“Le plan n‘était pas de m’arrêter, mais d‘écarter mon service de sécurité pour mieux lancer ensuite sur moi une foule d’assaillants”, a-t-il assuré, ce que les autorités ont nié.

Le conflit entre Jawar Mohammed et Abiy Ahmed souligne les divisions au sein de la communauté oromo, avant des élections générales prévues en mai 2020.

AFP
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