Kenya
Un policier kényan accusé d'avoir tué de sang-froid deux adolescents en 2017 a plaidé non coupable lundi des accusations de meurtre à son encontre, dans une affaire devenue emblématique des exécutions extrajudiciaires dans ce pays d'Afrique de l'Est.
La scène avait été filmée le 31 mars 2017, avant de faire le tour des réseaux sociaux, valant au policier le surnom de "flic tueur". On y voyait Ahmed Rashid, en civil, exécuter en plein jour deux jeunes allongés au sol dans le quartier d'Eastleigh, dans les faubourgs de la capitale kényane Nairobi, sous les yeux des passants.
En novembre 2022, l'institution chargée de superviser l'action des forces de l'ordre (IPOA) avait recommandé des poursuites judiciaires contre Ahmed Rashid, après avoir mené une enquêté et établi que les décès "avaient été causés par une action de la police".
Ahmed Rashid a réfuté les accusations, déclarant devant un tribunal de Nairobi qu'il était un policier respectueux des lois qui ne faisait qu'accomplir son devoir. Le tribunal a autorisé sa libération sous caution contre une somme de 200 000 shillings (environ 1 350 euros).
La police kényane est régulièrement accusée d'exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits humains kényanes et internationales.
Elle a notamment été accusée d'avoir dirigé des escouades de tueurs à gages ciblant des personnes, dont des avocats, enquêtant sur des violations présumées des droits humains par les services de sécurité.
Selon l'ONG Missing Voices, 1 349 personnes sont mortes entre les mains des forces de l'ordre depuis qu'elle a commencé à collecter des données en 2007. Peu d'enquêtes menées à la suite de ces disparitions ont donné lieu à des condamnations.
En octobre 2022, des policiers ont été poursuivis pour "crimes contre l'humanité", dont le meurtre d'un bébé, dans les violences post-électorales de 2017. Selon l'ONG kényane Commission nationale des droits de l'Homme, 94 personnes avaient été tuées, 201 avaient été victimes de violences sexuelles et plus de 300 blessées. Les violences ont été attribuées principalement aux forces de l’ordre.
Le président kényan William Ruto, élu en août, a annoncé le 16 octobre le démantèlement de la redoutée Unité des services spéciaux (SSU), unité de police créée il y a 20 ans et sous le feu des critiques après des cas de disparitions forcées et de meurtres. Le chef de l'Etat a également promis une refonte de la police.
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