Au Jardin zoologique national de Rabat, l’ibis chauve du nord fait l’objet d’une attention constante.
L’ibis chauve du nord renaît au Maroc grâce aux efforts de conservation
Reconnaissable à son plumage noir aux reflets verts irisés, à sa tête rouge dénudée et à son long bec recourbé, cet oiseau migrateur avait autrefois une vaste aire de répartition, s’étendant de l’Afrique du Nord à la péninsule Arabique, jusqu’à une grande partie de l’Europe. La chasse intensive et la dégradation de son habitat l’ont cependant conduit au bord de l’extinction dès le XVIIᵉ siècle.
En 2015, le zoo de Rabat a recueilli une vingtaine d’individus en détresse. Dix ans plus tard, leur nombre a doublé pour atteindre environ quarante oiseaux. « Au niveau du Jardin zoologique national, nous prenons un certain nombre de précautions pour conserver et élever cette espèce », explique Saad Azizi, chef du service vétérinaire et zoologique. « Grâce aux efforts des équipes vétérinaires et zoologiques, nous avons pu assurer leur reproduction et renforcer la population. »
Afin de favoriser la reproduction, les éleveurs ont recréé un environnement proche des conditions naturelles. Des zones spécifiques sont dédiées à la nidification, avec des branches disposées pour permettre la construction des nids. Chaque oiseau choisit librement son emplacement. L’ibis chauve est également connu pour la solidité de ses liens de couple : une fois formés, les partenaires restent fidèles, parfois toute leur vie, et élèvent un à deux oisillons par an.
« Nous nourrissons les oiseaux une fois par jour et complétons leur alimentation avec des vitamines pour stimuler la reproduction, qui commence à la fin du mois de mars », précise Hafid Ouchtarmoun, technicien en élevage d’oiseaux. « L’éclosion des œufs a lieu au début du mois de juin. » Leur alimentation, composée de petits morceaux de viande, de carottes et de riz, reproduit au mieux celle qu’ils trouveraient à l’état sauvage.
Au-delà de la reproduction, la question sanitaire occupe une place centrale. Les ibis sont installés dans des volières protégées par des filets, afin de limiter les contacts avec les oiseaux migrateurs sauvages. « Nos volières sont exposées aux oiseaux migrateurs. En collaboration avec les autorités compétentes, nous réalisons régulièrement des dépistages et assurons une surveillance vétérinaire continue pour suivre les maladies susceptibles d’apparaître dans les pays voisins ou en Europe », souligne Saad Azizi.
Chaque oiseau est par ailleurs équipé d’une bague d’identification, permettant aux spécialistes de suivre son évolution au sein du zoo et après sa réintroduction progressive dans la nature. Ce programme vise à renforcer les populations sauvages et à réduire les risques liés aux maladies ou à la consanguinité.
Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique internationale. En Europe, notamment en Autriche, des programmes de conservation et de recherche ont permis de faire passer l’ibis chauve du nord du statut « en danger critique » à celui « en danger ». À Rabat, la réussite progressive du programme illustre le rôle central des zoos modernes dans la sauvegarde des espèces menacées et redonne espoir pour l’avenir de cet oiseau emblématique.