La suspension du financement de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a aggravé une crise sanitaire déjà dramatique en Somalie.
Les hôpitaux somaliens en crise depuis le gel de l'USAID
Pour de nombreux Somaliens, il est devenu impossible de compter sur un gouvernement focalisé sur la lutte contre le groupe Al-Qaïda lié Al-Shabab, au détriment des services publics essentiels.
Médecins sans frontières avait déjà averti en août que les déficits de financement « sapaient les soins de santé en Somalie », citant la fermeture de 37 centres de santé et de nutrition dans et autour de la ville de Baidoa, à 250 kilomètres de Mogadiscio.
Bien que les attaques des militants aient diminué ces derniers mois, certains observateurs considèrent que la « guerre totale » menée par le président Hassan Sheikh Mohamud contre Al-Shabab a porté ses fruits. Mais administrateurs d’hôpitaux et responsables municipaux soulignent que cette campagne se fait au prix d’une détérioration des soins de santé et d’autres services publics.
Le ministère de la Santé a reçu cette année 91 millions de dollars sur un budget national dépassant le milliard, principalement pour des projets financés par des donateurs étrangers. Une hausse significative par rapport aux 52 millions de l’an dernier, mais qui reste presque entièrement dépendante de l’aide internationale, selon Mahad Wasuge, directeur du groupe de réflexion Somali Public Agenda. « La sécurité reste la priorité numéro un », rappelle-t-il.
Dans de nombreuses régions hors de Mogadiscio, les hôpitaux publics ne fonctionnent pas, obligeant les patients à traverser des zones peu sûres pour accéder aux quelques établissements encore opérationnels. Parmi eux figurent l’hôpital de Banadir, construit avec l’aide de la Chine en 1977, et l’hôpital De Martino, créé en 1922 par les autorités coloniales italiennes.
Le Dr Abdirahim Omar Amin, directeur de De Martino, s’inquiète de l’avenir de l’hôpital lorsque les contrats avec les deux ONG partenaires , le Comité international de secours et Population Services International, expireront fin 2025. « Aujourd’hui, il semble que les donateurs soient à bout de ressources», confie-t-il. Une grande partie des services est fournie gratuitement grâce à ces financements, et certains patients doivent payer pour des soins non urgents.
Au Banadir, l’unité de prise en charge de la malnutrition infantile dépend entièrement des fonds de Concern Worldwide. L’organisation assure la nourriture pour les mères et les enfants ainsi que les salaires des 13 employés encore en poste après les suppressions liées à la réduction de l’aide américaine.
Mohamed Adam Dini, député du Puntland, déplore les manquements du gouvernement : « Il n’y a pas de plan national de soins de santé, car nous n’avons pas de plan politique national ». Les besoins sanitaires restent pourtant urgents, avec la résurgence de maladies évitables comme la diphtérie dans les zones rurales.