Trump souhaite réexaminer le statut des réfugiés congolais de l'ère Biden

Les réfugiés congolais Sadock Ekyochi, sa femme Riziki Kashindi et son frère Kaaskile Kashindi à l'intérieur de leur nouvel appartement, le 11 avril 2024, à Columbia   -  
Copyright © africanews
Erik Verduzco/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

L’administration Trump prévoit de réexaminer l’ensemble des réfugiés admis aux États-Unis sous la présidence Biden, selon une note interne obtenue lundi par l’Associated Press. Cette décision constitue un nouveau coup porté à un programme qui, depuis des décennies, offre un refuge aux personnes fuyant la guerre et la persécution.

Près de 200 000 réfugiés pourraient être concernés, une perspective qui risque d’alimenter anxiété et incertitude au sein de ces communautés. Les défenseurs des droits des réfugiés dénoncent une mesure qui, selon eux, s’inscrit dans une politique "froide et déshumanisante" à l’égard de personnes cherchant à reconstruire leur vie aux États-Unis. Ils promettent déjà des recours en justice.

La note, signée par Joseph Edlow, directeur des services de citoyenneté et d’immigration (USCIS), affirme que durant les années Biden, les autorités auraient privilégié "la rapidité" et "les volumes" au détriment d’un contrôle rigoureux. Elle ordonne un réexamen systématique — incluant de nouveaux entretiens — de tous les réfugiés admis entre le 20 janvier 2021 et le 20 février 2025. Une première liste de personnes à convoquer devrait être établie sous trois mois.

Les organisations spécialisées rappellent pourtant que les réfugiés sont parmi les personnes les plus scrupuleusement contrôlées avant leur entrée aux États-Unis, au terme de procédures pouvant durer plusieurs années.

La note annonce par ailleurs la suspension immédiate des délivrances de cartes vertes pour les réfugiés arrivés durant la période concernée.

Si l’USCIS estime qu’un réfugié n’aurait pas dû être admis, celui-ci "ne dispose d’aucun droit d’appel", précise le document. Il pourra toutefois exposer sa situation devant un juge de l’immigration en cas de procédure d’expulsion. Même les réfugiés déjà titulaires d’une carte verte pourront faire l’objet d’un réexamen.

"L’USCIS est prêt à faire respecter la loi et à garantir l’intégrité du programme", écrit Edlow. Aux États-Unis, les réfugiés doivent demander une carte verte un an après leur arrivée, puis peuvent solliciter la citoyenneté environ cinq ans plus tard. Ni l’USCIS, ni le Département de la Sécurité intérieure, ni la Maison-Blanche n’ont répondu aux sollicitations de la presse.

Cette initiative marque une nouvelle étape dans le durcissement de la politique d’accueil : le programme a été suspendu plus tôt cette année avant que l’administration ne fixe un plafond d’admissions à 7 500 personnes — essentiellement des Sud-Africains blancs —, soit le niveau le plus faible depuis la création du dispositif en 1980. Plus largement, le gouvernement Trump a renforcé l’appareil répressif en matière d’immigration, dans le cadre de sa promesse d’accroître les expulsions.

Sous l’administration Biden, 185 640 réfugiés ont été admis entre octobre 2021 et septembre 2024, avec un pic dépassant les 100 000 l’an dernier. Les principaux pays d’origine étaient la République démocratique du Congo, l’Afghanistan, le Venezuela et la Syrie.

Les organisations de défense dénoncent un projet susceptible de traumatiser des personnes déjà soumises à des vérifications particulièrement strictes.

"Ce plan est d’une absurdité sidérante", déplore Naomi Steinberg, vice-présidente de HIAS. "C’est un nouveau sommet dans le traitement sans compassion réservé par l’administration à des personnes qui contribuent déjà à la vie des communautés où elles se sont établies."

L’USCIS devrait établir une liste prioritaire de réinterviews dans les 90 jours, selon Edlow, qui évoque un réexamen "rigoureux" des motifs d’octroi du statut de réfugié. Les entretiens porteront notamment sur les persécutions subies, la crainte fondée de persécution ou tout élément susceptible de constituer un motif d’irrecevabilité.

Sharif Aly, président de l’International Refugee Assistance Project, a dénoncé lundi soir une mesure visant des personnes "déjà parmi les immigrants les plus minutieusement contrôlés du pays".

"Outre son immense cruauté, cette initiative représente un gaspillage colossal de ressources publiques : réexaminer 200 000 personnes qui vivent paisiblement ici depuis des années n’a aucun sens", estime-t-il.

L’IRAP est par ailleurs engagée dans un recours visant à annuler la suspension des admissions décidée plus tôt par l’administration.

À découvrir également

Voir sur Africanews
>