Cameroun : réactions mitigées après la réélection de Paul Biya

Des partisans du MDPC brandissent des pancartes à l'effigie du président Paul Biya lors d'un rassemblement au stade Lamido Yaya Dairou à Maroua, au Cameroun, le 7 octobre 2025   -  
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Paul Biya, 92 ans, qui  dirige le Cameroun depuis 1982, a obtenu 53 % des voix lors du scrutin présidentiel du 12 octobre, devançant son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, crédité de plus de 35 %. Alors que certains habitants de Yaoundé expriment une résignation face à la continuité du pouvoir, d’autres appellent à des réformes et dénoncent des irrégularités électorales.

À Yaoundé, la capitale , la victoire du président sortant ne surprend guère, mais elle ne laisse pas indifférent. « Ce que j’attends du président élu, c’est qu’il change la situation des Camerounais. Les Camerounais vivent dans une trop grande pauvreté », déclare François Ebanda Eke, habitant de la ville. Pour beaucoup, la priorité reste l’amélioration des conditions de vie, dans un contexte où plus de 70 % de la population a moins de 35 ans et où 57 % des jeunes actifs occupent des emplois informels.

Dans plusieurs grandes villes, des heurts avec les forces de sécurité ont déjà fait plusieurs morts, notamment à Douala, la capitale économique. Des organisations locales de la société civile ont relevé des irrégularités, allant de la présence d’électeurs décédés sur les listes à des tentatives de bourrage d’urnes. Malgré cela, la mission d’observation de l’Union africaine a jugé le scrutin « globalement conforme » aux normes régionales et internationales.

Pour les analystes, la réélection de Paul Biya illustre un régime politiquement verrouillé. « Il semble que ce mandat ne sera pas prometteur pour la société camerounaise, qui a vu des protestations et des manifestations dans de nombreuses régions appelant le président à se retirer », commente Esair Ateba, analyste politique à Yaoundé.

Alors que le président passe de longues périodes à l’étranger et délègue la gouvernance à des proches et responsables du parti, les incertitudes demeurent sur sa capacité à gouverner. Entre lassitude et espoir, la population attend désormais des gestes concrets pour répondre à ses besoins et aspirations.

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