Jean Louis Billon : "le changement est possible par les urnes" [Interview]

Africanews, octobre 2025   -  
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Nous sommes à quelques jours d'un scrutin décisif en Côte d'Ivoire, marqué par de fortes tensions préélectorales, exclusion de certains candidats, contestation et polémique autour de la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, qui brigue un quatrième mandat. Dans ce contexte, quelles sont les véritables chances des candidats de l'opposition? Encore en lice, pour en parler, nous recevons aujourd'hui dans Interviews l'un d'entre eux, M. Jean-Louis Billon, premier employeur privé du pays et ancien ministre du commerce.

Bonjour M.Jean-Louis Billon. Merci d'avoir répondu à notre invitation. Vous êtes un homme d'affaires reconnu. Pourquoi avoir choisi de briguer la magistrature suprême? S'agit-il d'un simple coup de tête ou d'un véritable projet politique?

Jean Louis Billon : Bon, je suis quand même en politique depuis une trentaine d'années, aujourd'hui. Je suis un acteur économique, couplé d'un acteur politique. Donc c'est un rare pedigree. Il se trouve que vous dites que je suis un homme d'affaires et que c'était un coup de tête non. J'ai été maire, j'ai était président de conseil, j'ai été ministre, j'a été président de la chambre de commerce de l'industrie de Côte d'Ivoire, membre du conseil économique et social. Je suis député. Pour un acteur économique avoir tous les mandats que j'ai eus en politique, je peux vous dire que certains finissent une carrière politique sans avoir eu 10% de ce que j'ai eu en politique.

Ruth Lago : Et vous avez choisi pour cette élection de vous présenter sous la bannière du Code, le Congrès démocratique. Est-ce le parti des dissidents, du PDCI-RDA, votre parti d'origine qui, disons-le, vous a un peu tourné le dos? Pourquoi ce choix?

JLB : Alors ce n'est pas le Parti des Dissidents, c'est une coalition de plusieurs partis politiques. Nous sommes plus d'une vingtaine aujourd'hui parce que entre le moment où nous avons commencé et aujourd'hui, d'autres nous ont rejoint, plus des acteurs du PDCI dont moi en premier qui porte ma candidature. Les partis qui composent le Congrès démocratique sont bien souvent plus anciens que le PPACI, que le RHDP, parce qu'ils sont nés bien avant, donc implantés sur l'ensemble du territoire national. Et c'est une vraie force politique aujourd'hui. Nous partons en renserré pour remporter cette élection.

RL : Concrètement, quelles sont vos chances à cette élection présidentielle? Certains observateurs estiment que votre candidature à tort ou à raison ferait le jeu du pouvoir en place.

JLB : Alors, je vais vous dire, ce sont des observateurs qui ne connaissent pas bien la politique ivoirienne, comme je l'ai dit d'entrée de jeu, c'est une ambition pour moi qui est une ambition mûrie et programmée de longue date pour la Côte d'Ivoire. Donc, je me présente pour l'emporter et je peux vous dire qu'il est plus difficile aujourd'hui pour le président Ouattara de convaincre les ivoiriens de lui accorder cinq années de plus que pour moi de convaincre les ivoiriens de commencer par me donner cinq années pour un vrai changement. Les Ivoiriens veulent le changement, les Ivoiriens veulent un changement de génération. Donc je suis le challenger principal, c'est comme ça que je me positionne et je pense être celui qui a le plus de chances de l'emporter.

RL : Que contient finalement votre projet? Quelles sont vos grandes lignes aujourd'hui?

JLB : C'est de faire de la Côte d'Ivoire une nation économiquement forte d'abord. Une nation économiquement forte, c'est une nation souveraine, économiquement. Aujourd'hui, la croissance du pays est tirée par l'investissement public. Et avec Jean-Louis Billon Président, c'est le secteur privé. L'entreprise depuis la plus petite jusqu'à la plus grande, en passant par l'artisanat, les micro-entreprises, l'agriculture, tout le secte privé qui sera porteur de la croissance.

RL : Parlons de la réconciliation nationale. Est-ce que selon vous, les conditions sont-elles remplies pour assister à un scrutin apaisé, juste et crédible?

JLB : Je pense que les élections se dérouleront très bien. Bien sûr, à chaque fois, malheureusement, en Côte d'Ivoire, nous avons toujours connu une crise préélectorale, une crise postélectorale. Il faut que la culture démocratique prenne le dessus, désormais. C'est pour ça que je maintiens ma candidature et il ne faut pas que les ivoiriens se laissent tenter par le boycott ou les émeutes et ceci et cela. Tout simplement parce que le changement est possible et nous devons l'obtenir par les hommes.

RL : Est-ce que vous serez prêt à mettre votre candidature de côté pour une candidature unie de l'opposition?

JLB : Je suis un conservateur de droite Don Mello est de gauche, madame Gbagbo est de gauche et Henriette Lagou plutôt du centre et le président Ouattara plutôt la partie plus à droite de la mienne encore. Pourquoi voulez-vous qu'on mette ensemble des forces centrifuges, ça crée une inertie alors qu'il faut une unicité de direction et je pense que la mienne est la meilleure pour la Côte d'Ivoire.

RL : M. Jean-Louis Billon, merci. Merci. Et merci à vous de nous avoir suivis. À bientôt sur Africanews et AfricaNews.com.

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