Chasse aux « bébés noirs » : entre sécurité et violations des droits humains

Opération de lutte contre les gangs au Congo   -  
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Depuis début octobre, le Congo traverse une période de tensions accrue liée à une opération menée par la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP) et la Garde républicaine (GR).

Ces forces de sécurité ont lancé une campagne contre ce qu’elles appellent les « bébés noirs », un groupe considéré comme une menace pour la stabilité urbaine. Ces groupes armés, armés de machettes, ont semé la terreur dans plusieurs grandes villes du pays depuis plusieurs années.

Pour une partie de la population, cette opération est perçue comme une riposte nécessaire pour restaurer la sécurité. « C’est une bonne initiative parce que les Congolais ont tout le temps peur de sortir.

J’espère que ça va durer », confie un résident. Une commerçante de Brazzaville témoigne également : « Nous, les commerçantes, devons désormais rentrer plus tôt que prévu, sinon ils prennent notre argent ou nous tuent à coup de machette. »

Cependant, ces actions suscitent aussi la controverse. Plusieurs images d’exécutions sommaires, devenues virales sur les réseaux sociaux, montrent des scènes insoutenables. Ces vidéos soulèvent des inquiétudes quant au respect des droits humains.

De nombreux Congolais dénoncent la brutalité et le manque de professionnalisme dans la conduite de ces opérations. « Ce n’est pas trop professionnel.

Tout le monde a un téléphone Android, il y a deux réseaux au Congo, et un bébé noir peut recevoir un message pour livrer une attaque tout en se cachant lui-même. Parfois, c’est lui le plus tueur », déplore un citoyen.

Les organisations de défense des droits humains mettent en garde contre une dérive potentiellement dangereuse. Anael Yeke, membre d’une ONG, insiste : « Il n’est pas acceptable de voir ce qui se passe sur internet avec des citoyens congolais dont la vie peut être éteinte en un clic.

Nous assistons à des exécutions sommaires, alors que nous avons un cadre juridique. Si ces personnes, qui sont reconnues comme malfaitrices, doivent être poursuivies, elles doivent être remises à la justice. »

Malgré l’abolition de la peine de mort en 2015, ces pratiques extrajudiciaires ravivent un climat de peur et d’insécurité au Congo. Ces événements interviennent alors qu’un centre de réinsertion pour jeunes est sur le point d’ouvrir ses portes dans la département de la Bouenza, à 200 km de Brazzaville, témoignant de la volonté du pays de privilégier la réhabilitation plutôt que la répression brutale.

Ce contexte complexe montre combien le défi pour le Congo reste celui d’assurer la sécurité tout en respectant strictement les droits fondamentaux de ses citoyens.

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