L’athlète sud-africaine Caster Semenya abandonne la bataille juridique qu'elle menait depuis sept ans contre l'instance internationale qui dirige l'athlétisme. La sportive de 34 ans s’en tient donc à la décision rendue par la Cour européenne des droits de l'homme qui a relancé l'une des affaires les plus controversées dans le domaine du sport.
Afrique du Sud : Caster Semenya abandonne sa bataille juridique
L’athlète sud-africaine est privée de compétitions internationales depuis 2018 parce qu’elle refuse de faire baisser son taux de testostérone par un traitement hormonal. Une revendication qu’elle a porté devant la justice, accusant l'instance dirigeante de l'athlétisme, World Athletics, de discrimination. Les procès ont eu lieu devant trois tribunaux : le plus haut tribunal du sport basé en Suisse, le Tribunal fédéral suisse et la Cour européenne des droits de l'homme.
Une revendication qu’elle a porté devant la justice, accusant l'instance dirigeante de l'athlétisme, World Athletics, de discrimination. Les procès ont eu lieu devant trois tribunaux : le plus haut tribunal du sport basé en Suisse, le Tribunal fédéral suisse et la Cour européenne des droits de l'homme.
Elle a fait valoir que ces règles portaient atteinte à ses droits. Elle a perdu ses appels au Tribunal arbitral du sport et au Tribunal fédéral suisse.
Toutefois, la Cour européenne des droits de l'homme a statué en juillet qu'elle n'avait pas été entendue équitablement par le tribunal suisse et que ce dernier n'avait pas examiné correctement certains des arguments complexes. Cette décision lui a ouvert la voie pour poursuivre sa contestation. Mais elle a donc décidé de s'arrêter là.
Une carrière stoppée à son apogée
Celle qui faisait partie des meilleurs athlètes de sa discipline s’est depuis reconvertie dans l'entraînement, mettant un terme à sa carrière professionnelle.
Après avoir remporté les championnats du monde en 2009, alors qu'elle était adolescente, elle a été contrainte de se soumettre à des tests de vérification de son sexe. Elle est depuis devenue le visage d'une controverse sur les règles d'éligibilité dans le domaine du sport.
En 2011, l'athlétisme a introduit de nouvelles règles pour les femmes ayant un taux élevé de testostérone naturelle, en réponse directe à l'arrivée de Semenya. Les règles ont été rendues plus strictes au fil des ans et la dernière modification introduite plus tôt cette année s'éloigne du contrôle de la testostérone et exige que les femmes participant à des compétitions internationales d'athlétisme se soumettent à un test génétique pour vérifier la présence d'un chromosome Y.
Si elles échouent à ce test génétique unique d'éligibilité sexuelle, elles sont exclues des compétitions féminines. Les nouvelles règles sont entrées en vigueur le 1er septembre, avant les championnats du monde du mois dernier.
Maître Bracher, l'avocat de l'athlète a indiqué dans un mail à Associated Press que les règlements actuels sont très différents de ceux que Semenya a contestés devant les tribunaux lorsque son affaire a commencé il y a sept ans. Mais sa récente victoire devant la Cour européenne des droits de l'homme pourrait servir de base à une nouvelle contestation des règlements actuels par un autre athlète, a-t-il ajouté.
D'autres sports renforcent leurs règles
Si le cas de Semenya a fait de l'athlétisme le principal champ de bataille en matière d'éligibilité des sexes depuis près de vingt ans, d'autres sports très médiatisés, comme la natation, ont pris des mesures pour empêcher les femmes hyperandrogènes de participer aux compétitions. Le cas de Semenya a souvent été considéré comme un précédent permettant à d'autres sports d'introduire leurs propres restrictions.
L'année dernière, aux Jeux olympiques de Paris, la boxe s'est retrouvée au cœur d'un scandale concernant l'éligibilité des athlètes en raison de la participation de l'Algérienne Imane Khelif et de la Taïwanaise Lin Yu-ting, après que les autorités eurent affirmé qu'elles avaient échoué à des tests de vérification du sexe non spécifiés.
La boxe a maintenant également introduit des tests génétiques et Khelif, qui a remporté une médaille d'or à Paris, a suivi Semenya et a fait appel de ces tests auprès du Tribunal arbitral du sport.