Un juge rejette la demande d’asile de Kilmar Abrego Garcia

Kilmar Abrego Garcia participe à un rassemblement de protestation 25 août 2025, afin de soutenir Abrego Garcia. (AP Photo/Stephanie Scarbrough)   -  
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Un juge de l’immigration aux États-Unis a rejeté la demande de réouverture du dossier d’asile de Kilmar Abrego Garcia, un ressortissant salvadorien dont le cas est devenu emblématique des tensions politiques entourant la politique migratoire américaine.

La décision, rendue mercredi à Baltimore, concerne une demande initiale d’asile datant de 2019. Bien que débouté, Abrego Garcia dispose encore de 30 jours pour faire appel devant la Commission des recours en matière d'immigration.

Installé depuis plusieurs années dans le Maryland, Abrego Garcia vit avec son épouse et ses enfants, tous citoyens américains. Il est entré illégalement aux États-Unis alors qu’il était adolescent. Lors de son arrestation par les services d’immigration en 2019, il a tenté d’obtenir l’asile, mais sa demande a été jugée irrecevable, car déposée plus d’un an après son arrivée. Le juge a toutefois estimé qu’il ne pouvait être renvoyé au Salvador, en raison des menaces d’un gang visant sa famille.

Malgré cela, il a été expulsé en mars 2020 sous l’administration Trump — une expulsion jugée erronée. Détenu dans une prison notoire au Salvador, son sort a suscité une mobilisation contre les politiques migratoires du président républicain. Face à la pression judiciaire, l’administration américaine l’a fait revenir aux États-Unis en juin. Mais à son retour, il a immédiatement été inculpé pour trafic d’êtres humains.

Abrego Garcia en sursis

Ces accusations criminelles, basées sur un contrôle routier dans le Tennessee en 2022, sont contestées par ses avocats, qui y voient une tentative de représailles pour avoir défié l’administration. En parallèle, l’agence américaine de l'immigration cherche à l’expulser vers un pays tiers, suggérant d’abord l’Ouganda, puis l’Eswatini, une monarchie absolue d’Afrique australe.

La demande de réouverture du dossier d’asile représente un pari risqué : si elle est acceptée, Abrego Garcia pourrait obtenir une carte verte et, à terme, la citoyenneté américaine. Mais en cas de rejet, il risquerait de perdre toute protection contre l’expulsion et d’être renvoyé au Salvador. Il affirme y avoir subi de graves mauvais traitements au tristement célèbre Centre de Confinement du Terrorisme (CECOT) — des allégations de torture que le président salvadorien Nayib Bukele nie catégoriquement.

Malgré l’absence de condamnation pénale, l’administration Trump a publiquement désigné Abrego Garcia comme membre du gang MS-13, multipliant les attaques médiatiques contre lui. Ses avocats ont saisi la justice pour demander une ordonnance de bâillon, estimant que les déclarations publiques hostiles nuisent à son droit à un procès équitable.

Même si un juge fédéral du Tennessee peut ordonner au procureur local de ne pas faire de commentaires préjudiciables, il n’est pas certain que cette autorité s’étende au département de la Sécurité intérieure. Mercredi, ce dernier a publié sur X (anciennement Twitter) la décision du tribunal, concluant sans ambiguïté :

« Ses avocats essaient d'empêcher son expulsion, mais une chose est sûre : cet homme salvadorien ne restera pas dans notre pays. »

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