Nigéria : le film d'animation "Danse des crocodiles" au Festival d'Annecy

L'équipe de production du long-métrage Danse des crocodiles, sélectionné au Festival international du film d’animation d’Annecy.   -  
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En France, la ville d’Annecy accueille chaque année le meilleur du cinéma d’animation mondial. Dans les couloirs effervescents du Mifa, le Marché international du film d’animation, c’est une première historique pour le Nigéria : le long-métrage « Danse des crocodiles », en développement, a été retenu parmi plus de 250 projets pour participer aux sessions de pitchs.

Un cap symbolique pour l’animation nigériane, qui rêve de suivre les pas de "Nollywood", deuxième industrie cinématographique mondiale en volume après l’Inde.

« Danse des crocodiles », raconte l’histoire d’une musicienne maudite qui doit retrouver sa voix pour sauver sa ville d’une déesse mythique. Une fable entre drame et horreur, inspirée des mythes d’Afrique de l’Ouest, où plane l’ombre aquatique de Mami Wata.

« Mon plus grand espoir est que cette histoire voyage aussi loin que possible », confie Shofela Coker, co-réalisateur du film. « Ce n’est pas juste une histoire nigériane. Je veux que les gens se sentent invités à découvrir nos perspectives africaines. En tant qu’auteur, j’essaie de combler ce fossé culturel », poursuit-il.

L’émergence de ce cinéma d’animation repose sur des fondations encore fragiles. Si les talents foisonnent, les infrastructures et les financements peinent à suivre. Le pays mise désormais sur la formation pour structurer sa filière.

« Maintenant, nous avons des universités qui intègrent l’animation, que ce soit par le biais de processus informatiques ou d’ateliers », explique Mbuotidem Johnson, fondateur du studio Basement Animation. « Nous avons pu former des créateurs capables de produire pour le Nigeria, mais aussi pour le monde entier. »

Pour accompagner cette dynamique, l’ambassade de France à Lagos emmène depuis 2022 une délégation nigériane au Mifa, favorisant les rencontres avec des coproducteurs internationaux.

« On a constaté qu’il y avait un besoin urgent de structurer un écosystème », souligne Christophe Pécot, attaché audiovisuel à l’ambassade. « Il n’y a pas encore d’aide locale significative pour la production de contenus. Des projets prometteurs restent sur les étagères faute de financement. »

Grâce à cette initiative, trois coproductions ont déjà vu le jour. Cette année, cinq nouveaux projets ont été sélectionnés.

Pour la jeune illustratrice Afor Racheal, présente à Annecy, le festival est une vitrine inespérée : « Je pense que les gens ne réalisent pas la beauté d’être Nigérian, d’être Africain. Je veux partager notre culture au-delà de notre continent, (...) je veux montrer le chemin que nous avons parcouru et notre  résilience. »

« Danse des crocodiles » symbolise l’ambition d’une génération nigériane déterminée à hisser l’Afrique au rang qu’elle mérite dans l’industrie mondiale de l’animation.

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