Des dizaines de manifestants ont été arrêtés dans la capitale du Kenya, Nairobi, dans le cadre des protestations contre les hausses d'impôts proposées dans un projet de loi de finances qui doit être présenté au Parlement.
Kenya : des dizaines d'arrestations après des manifestations contre les impôts
Des groupes de la société civile affirment qu'en dépit des arrestations, les manifestations et le sit-in prévu devant les bâtiments du parlement se poursuivront.
Le commandant de la police de Nairobi, Adamson Bungei, a déclaré mardi qu'aucun groupe n'avait reçu l'autorisation de manifester dans la capitale. Le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution kenyane, mais les organisateurs sont tenus d'en informer la police au préalable. La police donne généralement son feu vert à moins qu'il n'y ait des problèmes de sécurité.
Mardi, la police a lancé des grenades lacrymogènes sur des centaines de manifestants, obligeant les commerces à fermer temporairement par crainte des pillages.
Un avocat, Wanjohi Gachie, a déclaré qu'il protestait au nom de tous les Kényans susceptibles d'être frappés par les hausses d'impôts. "Je demande à la police de ne pas nous arrêter ni nous frapper, car nous nous battons aussi pour leurs droits", a-t-il déclaré.
Certaines des principales propositions fiscales contenues dans le projet de loi ont été abandonnées à l'issue d'une réunion qui s'est tenue mardi matin entre les députés du parti au pouvoir et le président William Ruto.
Le président de la commission des finances, Kuria Kimani, a déclaré que la proposition d'introduire une TVA de 16% sur le pain avait été abandonnée.
Parmi les autres taxes qui ont fait l'objet de débats et ont été modifiées, on peut citer la taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules à moteur, qui devait être appliquée aux assurances.
Un projet de taxe sur les produits qui dégradent l'environnement sera également modifié pour ne s'appliquer qu'aux produits importés afin d'encourager la fabrication locale.
Le mois dernier, M. Ruto a défendu les taxes proposées en déclarant que le pays devait être financièrement autonome. "Le principe de base est qu'il faut vivre selon ses moyens", a-t-il déclaré. "J'ai persuadé le peuple kenyan que nous devions commencer à augmenter nos revenus", a ajouté M. Ruto.
Le chef de l'opposition, Raila Odinga, a exhorté les députés à examiner attentivement le projet de loi et à voter pour supprimer les dispositions qui pèseraient sur les pauvres.
"Ce projet de loi est pire que celui de 2023, c'est un tueur d'investissements et un énorme boulet autour du cou de millions de Kenyans pauvres qui ont dû espérer que les larmes qu'ils ont versées sur les impôts l'année dernière verraient le gouvernement alléger le fardeau fiscal en 2024", a-t-il déclaré dans un communiqué au début du mois de juin.
Kalonzo Musyoka, figure de l'opposition, a déclaré que les manifestations hebdomadaires reprendraient si le projet de loi de finances était approuvé tel quel. Les législateurs doivent débattre du projet de loi à partir de mercredi, le vote étant prévu pour lundi.
La loi de finances de l'année dernière a introduit une taxe d'habitation de 1,5% sur les revenus bruts des salariés, malgré les craintes qu'elle n'alourdisse encore le fardeau des Kenyans qui luttent déjà contre un coût de la vie élevé. La loi a également doublé la TVA sur les produits pétroliers, la faisant passer de 8% à 16%.