Le retrait de la force est-africaine (EAC-RF) déployée dans l'est de la RDC et dont Kinshasa a refusé le renouvellement, la jugeant inefficace, s'est poursuivi vendredi avec le départ de Goma de plus de 250 soldats sud-soudanais, selon l'EAC.
RDC : les soldats sud-soudanais de la force est-africaine quittent Goma
Près de 300 soldats kényans de cette force, dont le mandat s'achevait ce 8 décembre, avaient déjà quitté Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, dimanche dernier.
Une équipe de l'AFP a vu les militaire soudanais à l'aéroport de Goma, en treillis, armes à la main, embarquer à destination de Juba. Ils sont partis en trois rotations au fil de la journée, a précisé une source à l'EAC-RF sur place.
Outre des soldats kényans et sud-soudanais, l'EAC-RF comprend des militaires ougandais et burundais, qui devraient eux aussi partir dans les prochaines semaines.
"Le retrait va s'effectuer durant un mois, soit jusqu'au 7 janvier", a ajouté cette source, précisant que les équipements quitteraient la région par la route.
"La dernière composante à partir sera le quartier général de l'EAC-RF", a confirmé par ailleurs l'EAC dans un communiqué, précisant que les modalités de départ de la force régionale avaient été étudiées lors d'une réunion extraordinaire mercredi à Arusha (Tanzanie) des chefs d'état-major des pays de la Communauté.
Cette réunion "a confirmé la décision de la RDC" de ne pas renouveler le mandat de la force régionale et recommandé aux ministres de la Défense de l'EAC que celle-ci "cesse officiellement ses opérations dans l'est de la RDC, avec effet au 8 décembre".
Des troupes ougandaises et burundaises sont présentes par ailleurs dans l'est de la République démocratique du Congo en vertu d'accords bilatéraux avec Kinshasa.
- Afrique australe -
Les soldats de l'EAC-RF avaient commencé à arriver à Goma en novembre 2022, environ un an après la résurgence dans le Nord-Kivu de la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars") qui, avec le soutien du Rwanda selon de nombreuses sources, s'est emparé de vastes pans de la province.
Les autorités congolaises avaient alors invité l'EAC à déployer sa force pour libérer des espaces conquis par les rebelles.
Mais les Congolais se sont vite montrés très critiques vis-à-vis des troupes de l'EAC, leur reprochant de cohabiter avec les rebelles plutôt que de les contraindre à déposer les armes.
A l'issue d'un sommet de l'EAC, le 25 novembre, l'organisation régionale avait annoncé que la RDC "ne renouvellerait pas le mandat de la force régionale au-delà du 8 décembre 2023".
Pour la remplacer, Kinshasa compte notamment sur des troupes de la Communauté d'Afrique australe (SADC).
Un porte-parole du président congolais Félix Tshisekedi a évoqué la date du 10 décembre pour le début de leur déploiement, ce qui n'a pas été confirmé à ce stade par la SADC ni par les potentiels pays contributeurs.
Le départ de l'EAC-RF intervient alors que des combats continuent d'opposer le M23 à l'armée congolaise appuyée par des miliciens dits "patriotes".
De nombreux groupes armés et autres milices sévissent depuis trois décennies dans l'est de la République démocratique du Congo, un héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990 et 2000.
Une mission de l'ONU, la Monusco, anciennement Monuc, est présente en RDC depuis 1999 et comprend environ 14.000 Casques bleus. Mais elle est elle aussi accusée d'inefficacité et Kinshasa demande son départ, "ordonné" mais "accéléré", à partir de janvier 2024.
Des élections générales, auxquelles se représente le président sortant Félix Tshisekedi, sont prévues le 20 décembre en RDC. A cause de la rébellion du M23, elles ne pourront pas avoir lieu dans deux territoires du Nord-Kivu.