Plus de 60 migrants sont présumés avoir perdu la vie à bord d'une pirogue partie des côtes sénégalaises début juillet et retrouvée lundi au large du Cap-Vert, a indiqué mercredi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Sénégal : l'heure du deuil après le naufrage de 60 migrants au Cap-Vert
Ce matin dans la localité de Fass Boye , à l'ouest du Sénégal, les habitants partagent des sentiments communs, tristesse et désolation, après l'annonce d'un naufrage sur les cotes du Cap-Vert. À bord de cette embarcation : leurs enfants, candidats à l'exil.
"Nous demandons à l'Etat du Sénégal de tout mettre en œuvre pour le rapatriement de nos fils encore en vie, et de nous ramener les corps de ceux qui ont été retrouvés morts", déclare M. Boye, qui communique par WhatsApp avec des rescapés.
Le ministère sénégalais des Affaires étrangères a assuré œuvrer au rapatriement de ses ressortissants "dans les meilleurs délais".
"Que pareille tragédie ne s'abatte plus sur notre village !", prie l'imam.
Dans les rues qui bordent l'édifice religieux, les gens continuent de sortir et de se réunir. "Woy, Woy Dieu est grand" , pleure une passante.
Mercredi soir, la tristesse a fait place à la colère. Des jeunes ont brûlé des pneus, barré la route principale avec des troncs d'arbre, accusant les autorités de ne pas avoir fait le nécessaire pour retrouver la pirogue à temps.
Jeudi matin, des véhicules de gendarmerie étaient stationnés à l'entrée de la ville.
Drames successifs
"Les jeunes passent des mois en mer pour rentrer bredouilles. Les autorités ont bradé toutes nos ressources, elles sont donc responsables de ce drame", estime Amedi Dieye, 53 ans, qui dit avoir perdu deux beaux-frères dans la pirogue.
"Beaucoup de jeunes du village qui ont rejoint l'Europe achètent des voitures et construisent des maisons à leur retour. Mon fils aussi voulait la même chose", raconte Abdou Aziz Sène, père d'un jeune homme de 25 ans disparu. "Il voulait rejoindre l'Europe parce qu'il ne trouvait plus son compte ici", confie-t-il.
Le Sénégal a été endeuillé par de nombreux drames de la migration ces dernières années. Seize migrants ont péri dans la nuit du 23 au 24 juillet dans le naufrage de leur embarcation dans les environs de Dakar. Au moins 13 Sénégalais ont perdu la vie quelques jours auparavant au large des côtes marocaines.
Le gouvernement sénégalais a présenté fin juillet une Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, le long de différents axes : prévention, contrôle des frontières, répression, retour et réinsertion des migrants. Mais chaque année, les départs rythment la vie des villes côtières du Sénégal.
Dimanche, les habitants de Fass Boye se retrouveront pour rendre un dernier hommage aux morts et aux disparus.