Sénégal : Juan Banco, l'avocat français d'Ousmane Sonko, écroué à Dakar

L'avocat franco-espagnol Juan Branco s'exprime lors d'une conférence de presse, à Paris, le 17 juin 2022.   -  
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L'avocat français Juan Branco, recherché par le Sénégal en lien avec des troubles récents dans ce pays, a été arrêté après plusieurs jours de jeu du chat et de la souris avec les autorités, ont indiqué samedi plusieurs responsables policiers sénégalais.

Ces responsables, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat en l'absence de communication officielle sur un sujet transnational, n'ont pas fourni de précisions sur les circonstances de l'arrestation.

Des médias sénégalais ont évoqué une arrestation entre Sénégal et Mauritanie, alors que Me Branco cherchait selon eux à quitter discrètement le pays où il était entré subrepticement quelques jours auparavant.

Une source proche du dossier a également rapporté son arrestation du côté mauritanien, mais la situation de l'avocat restait floue samedi en milieu d'après-midi.

"Nous opposerons toutes les voies de droit pour faire échec à une éventuelle tentative d’extradition de Juan Branco vers le Sénégal", ont dit à l'AFP ses avocats français Luc Brossolet, François Gibault et Robin Binsard, laissant supposer qu'il se trouvait en Mauritanie.

"Son combat judiciaire pour Ousmane Sonko ne justifie pas la persécution politique dont il fait l’objet à Dakar", ont-ils dit.

Me Branco s'est fait un nom au Sénégal en prenant part à la défense d ' Ousmane Sonko , opposant engagé depuis 2021 dans un bras de fer avec le pouvoir et la justice. La confrontation a donné lieu depuis plus de deux ans à plusieurs épisodes de violences meurtrières.

Me Branco a suscité beaucoup d'attention en annonçant une plainte en France et une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le président Macky Sall pour "crimes contre l'humanité" en juin, alors que le pays venait de connaître ses pires troubles depuis des années.

Le parquet sénégalais a annoncé le 14 juillet avoir ouvert une enquête judiciaire et requis un mandat d'arrêt contre lui en s'appuyant sur ses écrits et ses propos.

Me Branco a cependant causé la surprise dimanche en faisant irruption inopinément dans une conférence de presse des avocats sénégalais d'Ousmane Sonko à Dakar, deux jours après l'arrestation de l'opposant. Ce dernier a depuis été incarcéré sous différents chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection.

Me Branco avait été refoulé quelques mois auparavant à l'aéroport alors qu'il tentait d'entrer au Sénégal.

La ministre sénégalaise des Affaires étrangères A ïssata Tall Sall n'a pas démenti jeudi devant la presse des informations selon lesquelles Me Branco était cette fois entré par la frontière terrestre avec la Gambie. Elle a indiqué que les autorités sénégalaises avaient évoqué le sujet avec leurs homologues gambiennes.

Me Branco avait donné lecture lors de la conférence de presse de dimanche d'un texte qui a décontenancé un certain nombre des personnes présentes, puis s'est éclipsé. Il était depuis recherché par les services de police sénégalais.

L'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a estimé sur les réseaux sociaux que l'avocat avait "ridiculisé le Sénégal et mis à nu (ses) failles sécuritaires".

Le gouvernement sénégalais a décrit jeudi Me Branco comme un avocat avide de publicité et fuyant ses responsabilités.

"Le Sénégal ne doit pas être la caisse de résonance d'un avocat qui est en mal de reconnaissance dans son pays" et qui "se rêve en Victor Hugo" , a dit le ministre porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana. "Si vous avez le courage de défier un Etat, de défier une nation, vous devez faire face".

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