Alors que la sécurité alimentaire mondiale subit un nouveau choc avec la résiliation par la Russie d'un accord visant à maintenir le flux de céréales en provenance d'Ukraine, les centaines de milliers de Somaliens qui ont fui le changement climatique et l'insécurité offrent un exemple frappant de ce qui se passe lorsque l'aide s'épuise.
Kenya : des réfugiés somaliens face à la famine et la malnutrition
Comme Omar, exploitant agricole, ces réfugiés ont dû céder la majeure partie de leur production en guise d'impôt aux extrémistes liés à Al-Qaïda qui contrôlent certaines régions de la Somalie. Sans un sou en poche, ils étaient contraint de fuir. Il raconte : "Nos moyens de transport étaient limités, alors nous avons rassemblé les quelques objets qui nous restaient et sommes montés dans un véhicule. Mon frère et ma mère ont été assassinés et c'est pourquoi nous n'avons pas eu la chance de nous installer dans ce camp ".
Colin Buleti, responsable des programmes du Programme alimentaire mondial à Dadaab, assiste désemparé, à une situation de malnutrition qui s'installe progressivement dans la région: " L'impact immédiat que nous constatons est l'insécurité alimentaire des ménages, car les familles qui avaient l'habitude de prendre trois repas par jour n'en prennent plus que deux ou un seul, et c'est très grave. Nous observons également des familles qui empruntent de plus en plus de nourriture à des amis, à des parents ou même qui mendient, parce que les aliments distribués ne suffisent pas pour 30 jours, mais seulement pour 15 à 20 jours ".
Les humanitaires alertent sur le fait que la réduction des rations risque d'aggraver la malnutrition. Dans l’un des trois camp de Dadaab, Hagadera, 384 cas de malnutrition ont été signalés au cours du premier semestre de l'année, selon l'International Rescue Committee, qui fournit des services de santé : " Nous sommes confrontés à des difficultés de financement, nous avons moins de ressources pour gérer ces cas, y compris les ressources humaines, ainsi que les produits de base nécessaires au traitement de la malnutrition. Pour l'instant, nous nous contentons du peu dont nous disposons. Le Comité international de secours (IRC) s'efforce de trouver des solutions novatrices pour faire face à cet afflux tout en étant en mesure de fournir à nos patients les soins dont ils ont besoin et de les aider à se remettre des problèmes liés à leur état nutritionnel," explique Barbra Muttimos, responsable santé de l'International Rescue Committee à Dadaab.
En tout, 135 000 nouveaux réfugiés ont rejoint le camp de Dadaab, ces derniers mois, et ont pu bénéficier d'une aide alimentaire depuis que le gouvernement kenyan a repris l'enregistrement des réfugiés en février, dans ce camp situé à 90 kilomètres de la frontière somalienne.