RDC : plusieurs morts dans les manifestations contre la MONUSCO

Cette image prise à Goma le 26 juillet 2022 montre des soldats congolais intervenant alors que des manifestants organisent une protestation devant une base de la mission .   -  
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MICHEL LUNANGA/AFP or licensors

Trois membres de la mission de l'ONU et au moins d12 manifestants ont été tués mardi dans deux villes de l'est de la République démocratique du Congo, au deuxième jour de manifestations contre les Nations unies, accusées d'inefficacité dans la lutte contre les groupes armés.

A Butembo, troisième ville de la province du Nord-Kivu, "trois morts parmi les membres de la Monusco (Mission de l'ONU en RDC), deux Indiens et un Marocain, et un blessé" ont été recensés et du "côté manifestants, sept morts et plusieurs blessés", a déclaré à l'AFP le colonel Paul Ngoma, chef de la police urbaine.

Il s'agit d'"un Casque bleu et (de) deux membres de la Police des Nations Unies", a précisé la Monusco dans un communiqué, ajoutant que "des assaillants ont violemment arraché des armes à des éléments de la Police nationale congolaise et tiré à bout portant sur nos forces de maintien de la paix".

La mission onusienne "condamne fermement cette attaque que rien ne justifie", a-t-elle ajouté.

Selon un communiqué de l'armée royale marocaine, le Casque bleu marocain tué "a succombé à ses blessures causées par des tirs d'armes à feu".

Dans l'après-midi, la situation était toujours très tendue à Butembo, important carrefour commercial où les activités ont été paralysées durant toute la journée.

Devant une base de la Monusco, des manifestants ont été dispersés par les forces de sécurité, selon plusieurs témoins. "Parmi ces jeunes gens, on trouve des armes", a déploré le colonel Ngoma.

A Goma, la capitale provinciale, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a fait état d'"au moins cinq morts" parmi les manifestants, promettant de revenir dans une conférence de presse "sur le bilan humain, matériel, ainsi que les conséquences à tirer" de ces manifestations.

Un correspondant de l'AFP sur place a constaté la mort d'un manifestant, atteint à la tête par une balle apparemment tirée de l'intérieur de la base logistique de la Monusco vers 11H00 (09H00 GMT). Une ambulance de l'armée congolaise est ensuite passée prendre le corps.

Tôt le matin, des centaines de manifestants avaient envahi les abords de la base logistiques de la Monusco à Goma et attaqué le camp de transit de la mission situé hors du centre ville.

"Nous ne voulons plus de la Monusco", "bye bye Monusco", scandaient des affiches de cette "campagne". Les forces de sécurité congolaises contenaient difficilement la foule aux abords de la base logistique.

"Nous confirmons avoir reçu 28 blessés par balles hier et ce matin nous venons de recevoir 8 blessés par balles. Certains sont dans un état critique. Mais nous n'avons pas encore enregistré de mort chez nous", a déclaré à l'AFP Serge Kilumbiro, chargé de l'administration de l'hôpital CBCA Ndosho, à Goma.

Des pilleurs

En RDC, des manifestations sont régulièrement organisées pour exiger le départ des Casques bleus, accusés d'inefficacité dans la lutte contre des dizaines de groupes armés locaux et étrangers qui déstabilisent l'est du pays depuis près de 30 ans.

A Beni, ville située à 350 km de la capitale du Nord-Kivu, les activités étaient paralysées par des manifestants anti-Monusco.

Dans plusieurs quartiers, les protestataires ont brulé des pneus. Des stations-services sont restées fermées ainsi que les boutiques et les marchés.

Des militaires sont déployés sur la route nationale N°4 qui conduit vers la base locale de Monusco.

Lundi à Goma, des centaines des manifestants étaient déjà descendus dans la rue à l’appel des organisations de la société civile et du parti du président Félix Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Après avoir pris d'assaut le quartier général de la Monusco et sa base logistique, ils avaient cassé des vitres, des murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur.

Le gouvernement congolais avait condamné "toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations Unies", promettant que "les responsables (seraient) poursuivis et sévèrement sanctionnés".

Présente en RDC depuis 1999, la Monuc (Mission de l'ONU au Congo) qui est devenue la Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC) en 2010, compte actuellement plus 14.000 soldats de la paix.

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