L'insécurité alimentaire progresse au Sahel et en Afrique de l'Ouest, avec 23,7 millions de personnes en situation de "crise" actuellement, soit 7,4% de la population des 15 pays étudiés, déplore le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA).
L'insécurité accentue la crise alimentaire en Afrique de l'Ouest
Ce nombre pourrait bondir cet été, au moment de la période de soudure entre les récoltes. Quelque 33,4 millions de personnes risquent d'avoir un besoin d'assistance alimentaire immédiate si des actions ne sont pas entreprises rapidement, selon les acteurs de ce réseau, réunis jusqu'à mercredi en visioconférence. Cela représente 10,5% de la population de ces pays.
" La principale raison de cette situation est liée à l'insécurité, à la violence ", explique Laurent Bossard, directeur du Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO), basé au siège de l'OCDE à Paris.
Avec "deux épicentres" : le premier se situe dans la zone dite "des trois frontières" aux confins du Mali , du Burkina Faso et du Niger , théâtre depuis plusieurs années d'actions sanglantes menées notamment par des groupes armés liés à Al-Qaïda et à l' Etat islamique (EI).
Le second se trouve dans la zone autour du lac Tchad , repaire du groupe jihadiste Boko Aram et de sa branche dissidente, le groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap). Là aussi il s'agit d'une zone frontière entre le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun.
Cet été, le Nigeria pourrait compter à lui seul 18 millions de personnes en situation de crise alimentaire "ou pire". Le Niger pourrait en avoir 3,6 millions, le Burkina Faso 2,6 millions, le Mali 1,8 million, le Tchad 1,7 million, projettent les analystes de ce réseau.
Ces violences ont entraîné des pertes de vies humaines mais aussi la perturbation des moyens de subsistance et du commerce, note le RPCA. L'insécurité civile a également provoqué des mouvements de population avec près de 5 millions de personnes déplacées à l'intérieur de la région.
En outre, plusieurs pays de la région, dont le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Nigeria, ont été affectés par d'importants déficits pluviométriques en fin de saison.