Cinq Nigérians détenus depuis dimanche pour avoir porté des vêtements appelant au départ du président Muhammadu Buhari dans une église à Abuja ont porté plainte vendredi contre la police d'Etat et le pasteur de ce culte évangéliste.
Nigeria : cinq jeunes arrêtés pour le port d'un tee-shirt anti-Buhari
Les cinq plaignants poursuivent à la fois le Département de la sécurité d'Etat (DSS), dont les agents sont à l'origine de leur arrestation, ainsi que le pasteur à la tête de l' église Dunamis , Paul Enenche, qui rassemble plus d'un million de fidèles. Ils accusent ce pasteur d'avoir appelé des agents de la DSS pour les arrêter.
Les plaignants affirment que leurs droits fondamentaux , notamment leur droit à la liberté d'expression , sont bafoués. Contactée par l'AFP, la DSS n'avait pas souhaité s'exprimer. Le service de communication de l'église Dunamis, de son côté, a rejeté toute accusation : "Pasteur Paul Enenche était en train de faire son sermon pendant l'arrestation. Il n'était pas au courant, et a encore moins donné l'ordre de les arrêter" .
Mauvaise gouvernance
Le 12 juin dernier, des activistes nigérians avaient appelé à manifester pour protester contre la mauvaise gouvernance , l'insécurité et la récente suspension du réseau social Twitter par le gouvernement du président Muhammadu Buhari . Ces marches, qui avaient été dispersées à coup de gaz lacrymogènes à Lagos et à Abuja, avaient été baptisées "Buhari doit partir" .
Le président Muhammadu Buhari, un ancien général élu en 2015, a été récemment la cible de critiques sur l' insécurité croissante au Nigeria ainsi que sa gestion économique du pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 210 millions d'habitants. Le Nigeria fait notamment face à une rébellion djihadiste dans le nord-est, qui a fait plus de 40 000 morts depuis 2009, et le nord-ouest du pays est en proie à des groupes criminels qui terrorisent les populations.
Le mois dernier, le gouvernement nigérian a également déclenché un tollé lorsqu'il a suspendu indéfiniment Twitter dans le pays, affirmant que la plate-forme était utilisée pour des activités visant à déstabiliser le Nigeria. Le gouvernement est très régulièrement pointé du doigt par les organisations de défense des droits humains.