Un géant de la politique africaine est tombé. L'ex-président du Ghana , Jerry John Rawlings, est décédé jeudi dernier à Accra. Il a dirigé le pays pendant de nombreuses années, et fait évoluer le Ghana vers un système multipartite en instaurant la démocratie.
Ghana : La mort de JJ Rawlings comme outil politique ?
Mais pourquoi sa mort est-elle utilisée comme un outil politique à l'approche des élections présidentielles et parlementaires ? Teye Kitcher est journaliste télévisuel à la retraite. Il a couvert le mandat de Jerry John Rawlings lorsqu'il était encore Président.
M. Kitcher, pouvez-vous nous dire ce que représente la mort de Jerry John Rawlings pour la politique africaine en général?
Il aimait le fait d'être un homme noir. Il aimait le fait que l'Afrique avait le potentiel d'être ce qu'elle devrait être en matière de développement intégral.
Au lendemain de sa mort, des dissensions sont apparus entre le parti avec lequel il a fondé et dirigé le Ghana, le Congrès national démocratique, et le Nouveau Parti Patriotique au pouvoir. Un parti dont il se rapprochait, selon certains, avant sa mort prématurée. Aujourd'hui, beaucoup pensent que son image sera utilisée comme un argument politique lors des prochaines élections. Comment réagissez-vous à cela, et quel sera l’impact sur le scrutin du 7 décembre ?
Je pense que ceux qui disent qu'il se rapprochait du Nouveau Parti Patriotique ont raison. Je pense qu'il s'en est rapproché parce qu'il voulait un peu de paix dans notre politique. Le fait que sa mort sera utilisée comme outil politique dans cette campagne est plutôt malheureux. Parce que nous devrions le voir comme un symbole d'unité du Ghana, et non pour un seul parti. Je pense qu'il aimerait être reconnu comme le Père du Ghana, et non comme le père du NDC ou du NPP. Les partis tels que nous les connaissons - la façon dont la politique est menée dans notre partie du monde - voudront profiter de sa disparition pour marquer des points politiques ou gagner des voix.
Pour finir, il serait juste de dire que M. Rawlings est un homme qui a fait évoluer le Ghana vers un système multipartite. Et qui a également approfondi la pratique démocratique, non seulement dans le pays, mais aussi en l'Afrique de l'Ouest en tant que sous-région. Comment devrions-nous honorer cet héritage, notamment pour les générations à venir ?
Le plus grand honneur que nous puissions lui faire pour honorer cet héritage, serait que les politiciens africains soient francs avec le peuple. Je pense que les électeurs africains sont fatigués de la politique du mensonge, de l'assassinat, du vol… Nous pouvons l'honorer si nos hommes politiques changent de trajectoire et sont présents pour le peuple. La plupart des gens en Afrique ne voient pas les politiques comme étant présents pour eux. Pour le citoyen lambda, le politicien travaille pour sa propre poche. Et nous savons tous qu'il y a eu des histoires sur la façon dont les politiciens ont pillé leur pays. Donc, le plus grand honneur que nous puissions faire à l'ancien président Rawlings, et à son héritage qui nous a poussés vers la démocratie, serait que nos hommes politiques soient au service du peuple. Ils doivent servir le peuple, car lui, il était un serviteur. Il a servi. Ce pourquoi il pouvait aller dans les caniveaux et les nettoyer en tant que Président. Nous n'avons pas de leaders serviteurs et nous en avons besoin en Afrique.