Présidentielle 2021 en Ouganda : l'opposant Bobi Wine officialise sa candidature

Le député d’opposition et chanteur Bobi Wine a annoncé mercredi son intention de briguer la présidence ougandaise lors des élections de 2021, lançant un défi au chef de l’État Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986.

“Au nom du peuple d’Ouganda, je vous défie (Yoweri Museveni) lors d’une élection libre et juste en 2021”, a déclaré le chanteur Bobi Wine, Robert Kyagulanyi de son vrai nom, lors d’un rassemblement à son domicile à Kampala, face à des partisans survoltés par l’annonce.

Le politicien, âgé de 37 ans, avait précédemment déclaré être prêt à défier Yoweri Museveni “si mon équipe estime que je suis la bonne personne”, avait-il dit, mais il n’avait pas officialisé sa candidature.

Plus connu sous son nom d’artiste Bobi Wine, Robert Kyagulanyi est devenu le porte-parole d’une jeunesse ougandaise urbaine et souvent très pauvre qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du président Yoweri Museveni, 74 ans.

M. Museveni est le seul président que la plupart des Ougandais connaissent, dans un pays où un habitant sur deux a moins de 16 ans. A l’initiative du parti au pouvoir, la Constitution a été récemment modifiée pour supprimer la limite d‘âge pour briguer la présidence, l’autorisant ainsi à se présenter pour un sixième mandat en 2021.

“Notre peuple est uni par la peine, les souffrances et les défis qu’il traverse chaque jour”, a déclaré Bobi Wine. “Je suis prêt à vous accompagner dans cette lutte”.

“Je veux réitérer mon appel à chacun d’entre nous: notre pays est plus grand que chacun d’entre nous”, a-t-il ajouté. “L’Ouganda était là avant le colonialisme et il était là après. L’Ouganda était là avant la dictature et il sera là après”. “Comme nous le chantons, nous sommes le pays, nous sommes le futur, nous sommes le changement dont nous avons tant besoin”. 

“Trahison”

“Je connais les dangers auxquels je vais faire face en défiant Museveni, mais j’ai été encouragé par les Ougandais, qui m’ont dit que je suis le leader qu’ils veulent”, a assuré à l’AFP Bobi Wine, en marge du rassemblement. 

“La victoire est à nous”, a-t-il promis, ajoutant que le pays “mérite mieux”. Selon lui, le rassemblement de mercredi a été organisé chez lui et non ailleurs car, a-t-il affirmé, le gouvernement “a ordonné aux hôtels que nous avons approchés pour lancer notre campagne de ne pas nous accueillir”.

Ces derniers mois, visiblement inquiètes de la notoriété grandissante de Bobi Wine, les autorités l’ont à plusieurs reprises empêché de se produire en public.

Il a également été plusieurs fois arrêté ou assigné à résidence depuis 2018, notamment dans le cadre de son inculpation pour avoir organisé un rassemblement illégal en juillet 2018. Des poursuites selon lui motivées politiquement.

Le député d’opposition avait par ailleurs été arrêté et inculpé de trahison à la suite du caillassage du convoi de M. Museveni en marge d’une élection législative partielle à Arua (nord) le 14 août 2018, remportée par le candidat de son parti face à celui du pouvoir.

Dans les échauffourées qui avaient suivi ce jour-là à Arua, la police avait ouvert le feu et tué le chauffeur de M. Kyagulanyi. Le député a assuré avoir été torturé lors de sa détention provisoire en août 2018, ce que les autorités démentent. Une fois libéré, il s‘était rendu trois semaines aux États-Unis pour des soins.

L’arrestation et l’inculpation de Bobi Wine en août 2018 avaient entraîné des protestations violemment réprimées par la police et l’armée.

En février, le parti au pouvoir, le Mouvement de la résistance nationale (NRM), a appelé M. Museveni à “continuer à diriger le Mouvement et l’État en 2021 et au-delà pour éliminer les freins à la transformation” de ce pays d’Afrique de l’Est.

AFP
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