Ce vendredi 21 juin, c’est sans doute en spectateur averti qu’Issa Hayatou, regardera la cérémonie d’ouverture de la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations, la première depuis son départ.
CAN 2019 : la première après Hayatou
Après 29 ans de présence ininterrompue à la tête du football africain et des années aux manettes de la compétition la plus suivie sur le continent, Issa Hayatou a, en effet, été poussé à une retraite anticipée à l’issue de l’assemblée élective de la CAF de 2017. Depuis, l’ancien dirigeant du football africain a disparu des écrans radars pour laisser place à son successeur, Ahmad Ahmad.
Dès vendredi, c’est bien une expérience inédite que l’ex-président de la Confédération africaine de football (CAF) sera emmené à voir. Une CAN à 24 équipes, déplacée aux mois de juin et juillet. Une option à laquelle le dirigeant s’était refusé arguant de mauvaises conditions climatiques dans certaines régions du continent à cette période. Son successeur Ahmad Ahmad, lui, en avait fait l’une de ses promesses phares de campagne et l’a concrétisée, transformant profondément le mode usuel de la compétition.
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En près de trois décennies d’orchestration, Issa Hayatou a pourtant essayé de révolutionner le football africain à sa façon. S’il a refusé d’élargir la CAN à 24 équipes, il n’avait pas hésité à la faire passer de huit à douze équipes, puis de douze à seize équipes. Entre 2012 et 2013, il parvient à chapeauter l’organisation de deux CAN question de faire passer la compétition en année impaire et ainsi éviter qu’elle se dispute la même année que le Mondial. C’est également à lui que l’on doit l’augmentation du nombre de sélections africaines en phase finale de la Coupe du monde.
Sous sa direction, le football africain a également vu naître bon nombre de compétitions comme le beach soccer, la CAN des moins de 23 ans, celle des U20 et des U17. Ou encore le CHAN qui met en vedette les stars des championnats locaux. Une initiative qui selon les autorités de la CAF devrait permettre de propulser le football local, mais considérée comme une fuite en avant par de nombreux professionnels du football africain.
Entre scandales et regrets
Beaucoup estiment en effet que le sport roi sur le continent souffre encore de nombreux maux, notamment la fuite de ses pépites, obnubilées par les championnats européens. La raison ? Les championnats locaux demeurent amateurs et les infrastructures toujours insuffisantes. Et durant ses années de règne, Issa Hayatou a certes réussi à renflouer les caisses de la CAF à force de multiples partenariats, mais aurait échoué à fortifier les fédérations africaines de sorte à créer une chaîne de valeur.
En 2017, à son départ, c’est une CAF écorchée par les rumeurs de corruption, dans la foulée du CorruptionGate de la FIFA, qui a été dépeinte. Issa Hayatou est d’ailleurs cité dans un scandale sur les droits TV du football africain cédés au groupe Lagardère dans lequel il a été condamné à 24,5 millions d’euros d’amendes par la justice égyptienne. Il est accusé d’abus de position dominante.
Toutefois, son départ est loin d’avoir tu les frasques de l’instance. Accusé de nombreux griefs par son ancien secrétaire général, Ahmad Ahmad a lui-aussi été pris dans l’étau des accusations de corruption. Début juin, il se faisait interpeller à Paris dans une affaire de rupture abusive de contrat, avant d’être relaxé sans poursuite.
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La fin de l’ère Hayatou, sans doute une symphonie inachevée, surtout dans son pays, le Cameroun. L’homme n’a, en effet, jamais réussi à organiser une Coupe d’Afrique des nations chez lui, pourtant considéré comme l’un des pays roi du football en Afrique. Après 1972, le pays des Lions Indomptables n’a toujours pas été au cœur de l’événement phare du football africain. Désigné pour l’organisation de la compétition en 2019, le Cameroun devra attendre 2021 pour obtenir sa CAN.