Le chanteur et député d’opposition ougandais Bobi Wine, potentiel adversaire du président Yoweri Museveni à la présidentielle de 2021, a été libéré sous caution jeudi, trois jours après avoir été inculpé et placé en détention pour avoir organisé un rassemblement illégal en 2018.
En Ouganda, libération sous caution pour Bobi Wine
“Le succès de sa demande de libération conditionnelle est le succès de tous ceux qui ont été confrontés à l’injustice dans ce pays”, a déclaré à l’AFP l’un des avocats du chanteur et opposant, Asuman Basalirwa.
Des centaines de supporteurs de Bobi Wine sont aussitôt descendus dans les rues de Kampala pour fêter sa libération, sous l‘œil vigilant de policiers et soldats lourdement armés, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le député avait été inculpé le 29 avril avec quatre membres de son entourage, dont son frère, pour avoir organisé en juillet 2018, sans en avoir notifié la police, une manifestation pour dénoncer une taxe contre les médias sociaux.
Pour la première fois dans l’histoire du système judiciaire ougandais, Bobi Wine s’est exprimé devant le tribunal par visioconférence, depuis la prison de haute sécurité de Luzira dans laquelle il était détenu.
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Notoriété inquiétante
“Je vous remercie pour l’opportunité qui m’est donnée de m’adresser à la cour. Ce n’est pas nous qui sommes en procès, mais le tribunal. Ma préoccupation c’est la vérité. Ce qui est moralement juste”, a déclaré le chanteur. “Si se lever pour ce qui est juste doit me garder en prison, alors qu’il en soit ainsi”.
Plus connu sous son nom d’artiste Bobi Wine, Robert Kyagulanyi, 37 ans, est devenu le porte-parole d’une jeunesse ougandaise urbaine et souvent très pauvre qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du président Yoweri Museveni (74 ans), au pouvoir depuis 1986.
M. Museveni est le seul président que la plupart des Ougandais connaissent, dans un pays où un habitant sur deux a moins de 16 ans. A l’initiative du parti au pouvoir, la Constitution a été récemment modifiée pour supprimer la limite d‘âge pour briguer la présidence, l’autorisant ainsi à se présenter pour un sixième mandat en 2021.
Plusieurs députés d’opposition avaient vivement condamné l’inculpation de Bobi Wine, relevant que l’infraction présumée remontait à l‘été 2018.
“Tout cela est ridicule. Comment peuvent-ils amener devant la cour un dossier de 2018 ? C’est une campagne d’État pour s’assurer que Bobi Wine échoue dans ses objectifs politiques”, avait ainsi dénoncé Moses Kasibante.
Ces derniers mois, visiblement inquiètes de la notoriété grandissante de Bobi Wine, les autorités l’ont à plusieurs reprises empêché de se produire en public.
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AFP