Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a rencontré ce mardi 27 novembre des dirigeants de l’opposition. Parmi les questions abordées, l’organisation des élections générales en 2020.
Éthiopie : des pourparlers pour un processus électoral consensuel en 2020
Plus de 80 cadres de l’opposition ont répondu à cette invitation du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Parmi eux, Merera Gudina, chef du Congrès fédéral des Oromo(OFC), l’ancien exilé Dawud Ibsa du Front de libération Oromo et Berhanu Nega du Patriotic Ginbot 7. De même qu’un représentant du Front de libération nationale de l’Ogaden (ONLF).
Des retrouvailles qui s’inscrivent dans le cadre des consultations menées par Abiy Ahmed depuis son accession au pouvoir en avril dernier. « La consultation a pour but de mettre en évidence les réformes nécessaires pour que les prochaines élections soient libres et équitables, ainsi que les responsabilités communes de tous », a déclaré un communiqué de son bureau.
Les élections « libres », « justes » et « démocratiques », c’est que le leader de 42 ans avait promis en août. Une manière sans doute de faire oublier au peuple éthiopien les élections législatives de 2015.
Remportées certes par la coalition au pouvoir Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), elles avaient été vivement contestées par l’opposition qui faisait état d’une « mascarade électorale ». Sans doute parce qu’en amont, les opposants n’avaient pas été rassurés sur l’organisation de ces scrutins.
Crédibiliser les élections pour anticiper les crises électorales
Mais, une réalité à laquelle Ahmed voudrait mettre fin en discutant avec les membres de l’opposition d’une organisation consensuelle des élections législatives prévues en 2020.
Liant la parole à l’acte, Abiy a récemment nommé Birtukan Mideksa, anciene juge et membre politique de l’opposition revenue d’exil aux États-Unis, à la tête du Conseil électoral d‘Éthiopie (EBE), la commission électorale éthiopienne.
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Chose quasiment rarissime dans une Afrique où, excepté des cas comme le Congo en 1993, des Chefs d‘État ne choisissent les dirigeants des organes en charge des élections que dans leur camp politique.
Ce qui explique en grande partie le manque de confiance exprimé par des opposants et des observateurs. Ce qui est aussi à l’origine des soupçons de fraudes. Et même à l’origine des contestations ou des crises politiques, très graves.
La méthode d’Abiy Ahmed pourrait donc être interprétée comme une démarche visant non seulement à légitimer les élections à venir, mais aussi et surtout anticiper quelque crise liée au processus électoral en vue de consolider la paix dans son pays.
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