La reconstitution du visage du soldat inconnu de la Première Guerre mondiale semble n’avoir pas tenu compte de quelque « tirailleur sénégalais ». Oubli ou incurie ?
Centenaire Première Guerre mondiale : où est la trace des Africains sur «le visage universel » ?
L’Humanité célèbre demain 11 novembre, le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Mais, d’abord une petite escapade dans le passé pour revivre un début de semaine fort radieux.
Un début qui annonce la fin de quatre ans de calvaire. L’humanité repart sur de nouvelles bases pour écrire son histoire. L’armistice tant attendu venait d‘être signé ce 11 novembre 1918 à 6 heures du matin, heure de France.
Et depuis ce lundi-là, l’humanité se sert du 11 novembre pour se souvenir de la victoire des puissances de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) sur la Triple Alliance (les deux empires centraux, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie).
Mais, aussi pour faire les comptes. Plus de 18,5 millions de personnes (civils et militaires des protagonistes) perdirent leurs vies du fait de cette « Grande Guerre » contre plus de 22,2 millions de blessés.
Sans oublier les pertes matérielles et la destruction des ressources. En France par exemple, 3 millions d’hectares furent déclarés « impropres » à l’agriculture à cause de la présence des projectiles (obus, mines, etc.) et des cadavres d’humains ou d’animaux dans le sol.
Pas de monuments portant les noms d’Africains
Durant ces cent dernières années, les commémorations de l’armistice ont souvent été accompagnées de reconnaissances ou de réparations des erreurs ou d’injustices à l‘égard des quelque 9,37 millions de morts et plus de 12,8 millions de blessés côté enregistrés dans le camp de la Triple-Entente. Monuments, livres, musées, .... Depuis la fin de cette guerre, des efforts ont été fournis pour identifier chaque personne tombée lors de ce conflit.
Parmi les artisans de cette victoire, il y avait aussi ceux-là que les historiens occidentaux ont appelés « tirailleurs sénégalais », ces 600 000 fils d’Afrique qui furent mobilisés pour prêter main forte aux puissances coloniales dont la France. Selon des estimations, plus de 45 000 tirailleurs moururent ou disparurent lors de cette guerre contre près de 36 000 blessés.
Et pourtant, jusqu’ici, aucun monument ne porte les noms des soldats africains. Et pour couronner le tout, les soldats africains ont encore été ignorés lors de la reconstitution du visage du soldat inconnu.
D’après le site ouest-france.fr, à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, dans la Somme, a pu créer le « Visage Inconnu ».
Il a été question, selon le site d’assembler, grâce à un algorithme, 30 000 photographies de soldats pour enfin reconstituer le visage du soldat inconnu. La trouvaille a été présentée hier au président Macron dans le cadre des activités du centenaire de l’armistice.
Le soldat inconnu a maintenant un visage >>https://t.co/2oFVSpw0mz pic.twitter.com/lwFkyxKabv— Yanik Dumont Baron (@Ydb) 8 novembre 2018
Or, il semble que seules les photographies des soldats russes, français, américains, britanniques et d’autres alliés ont été utilisées pour ce « visage universel » censé représenter tous les soldats tombés des alliés tombés. Un petit exercice de sémiologie aiderait à constater que nulle part dans ce visage universel transparaît la trace de quelque Nègre.
C’est probablement ce problème de la véritable reconnaissance des tirailleurs sénégalais que des dirigeants africains devraient poser lors de la célébration du centième anniversaire de la signature de l’armistice. Question de mieux préparer le 2 septembre 2045 en mémoire de la capitulation du Japon, synonyme de la fin officielle de la Deuxième Guerre mondiale.
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