Cris de joie, accolades, commentaires sur les réseaux sociaux….. Ces réactions exprimées ce vendredi 8 juin quelques secondes après l’acquittement en appel de Jean Pierre Bemba font penser à un retour triomphal à Kinshasa de l’ancien vice-président de RDC. De quoi bousculer de manière significative l’ordre établi dans le microcosme politique congolais.
RDC : quand Jean-Pierre Bemba "ressuscite" à Kin
“Je pleure de joie. Jean-Pierre Bemba était un homme mort. Il vient d‘être ressuscité”, a déclaré l’un de ses partisans réunis avec des centaines d’autres au siège du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), une formation politique d’opposition dont Bemba est président-fondateur.
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À l’annonce du verdict en appel de la Cour pénale internationale, suivi en direct à la télévision, les pro-Bemba ont pleuré et se sont embrassés.
“Notre leader, nous vous attendons”, a-t-on aussi pu entendre à l’autre bout de la ville dans le quartier “GB”, fief de la famille Bemba où elle possède des propriétés. “La libération de Jean-Pierre Bemba est un soulagement pour le peuple congolais qui a soif de voir son leader”, a commenté un vendeur de crédit téléphonique, José Mazambi.
A la surprise générale, Jean-Pierre #Bemba a été acquitté en appel, par la #CPI, des charges de crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Centrafrique. L'ancien vice-président de #RDC avait été condamné à 18 ans de prison en première instance. pic.twitter.com/s5ozLMbKDB— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) 8 juin 2018
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Katumbi content, Mende refuse de commenter le verdict
Des politiciens aussi ont salué cette décision de la CPI. “Félicitations à mon compatriote JP Bemba. Son acquittement montre que la vérité finit toujours par triompher. À ceux qui utilisent encore des faux procès, cette décision marque le début d’une nouvelle ère de justice pour la #RDC”, a écrit sur Twitter Moïse Katumbi, opposant comme Bemba au président Joseph Kabila en RDC.
Félicitations à mon compatriote JP Bemba. Son acquittement montre que la vérité finit tjrs par triompher. A ceux qui utilisent encore des faux procès, cette decision marque le début d’une nouvelle ère de justice pour la #RDC.
Aujourd’hui est un grand jour pour les Congolais !— Moise Katumbi (@moise_katumbi) 8 juin 2018
Des acclamations ont aussi parcouru l’Assemblée nationale pendant et après l’exposé du président de la commission électorale Corneille Nangaa sur le vote très compromis des Congolais de l‘étranger à l‘élection présidentielle prévue le 23 décembre prochain.
Réagissant à cette décision de la CPI, Lambert Mende s’est abstenu de commenter l’acquittement de l’un des opposants les plus virulents au régime auquel il appartient. “Nous n’avons pas pour habitude de commenter les décisions de la justice, c’est notre ligne de conduite compte tenu de l’indépendance des cours et tribunaux (.....). Mais nous prenons acte d’autant plus que ce n’est pas un dossier qui nous concerne, ce sont les affaires qui ont trait à la vie de la République Centrafricaine (….). Une bonne nouvelle ou mauvaise nouvelle, je ne vous le dirai pas par déontologie gouvernementale parce que ça serait entrer dans un processus de jugement de valeur à l’égard d’une décision de justice”, a déclaré Lambert Mende depuis Lubumbashi (Haut-Katanga) cité par le site actualite.cd.
L’annonce de l’acquittement de M. Bemba, qui avait été battu par Joseph Kabila lors de la présidentielle de 2006, puis avait quitté Kinshasa sous escorte blindée des Casques bleus en 2007, après de violents combats entre l’armée congolaise et sa milice, intervient dans un contexte de plus en plus tendu.
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Le deuxième et dernier mandat du président Kabila a pris fin le 20 décembre 2016. Le président affirme qu’il respectera la Constitution sans déclarer formellement qu’il quitterait le pouvoir. Ses détracteurs l’accusent de chercher un moyen de rester au pouvoir.
C’est justement dans ce contexte que devrait rentrer au bercail, le fils de Jeannot Bemba Saolona ancien sénateur et président du patronnat zairois sous le règne sans partage du « Grand Léopard », Mobutu Sese Seko et originaire comme lui de la province de l‘Équateur au nord.
Quelle place pour Bemba ?
Mais, s’il est quasiment une certitude mathématique qu’il sera reçu comme César par ses partisans du MLC, au cas où il est de nouveau acquitté pour “subornation de témoins” (qui le détient en prison), Bemba devra batailler fort pour se frayer une place de choix au sein de classe politique. Une élite préoccupée beaucoup plus par les élections générales dont la présidentielle prévue le 23 décembre prochain.
Ainsi, composera-t-il avec le régime de Joseph Kabila ? La question ne devrait pas en réalité se poser lorsqu’on sait que son parti fait partie de l’opposition. Seulement, il y a la « real politik » où tous les coups sont permis pourvu de tirer son épingle du jeu.
Et s’il réaffirmait son ancrage à l’opposition ? Là est tout le grand problème, car nonobstant l’unanimité sur des questions comme le départ à tout prix de Kabila, le problème de leadership entre des figures comme Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi semble encore sans solution durable. Jouissant d’une sorte de virginité politique, Jean Pierre Bemba pourrait abattre sa propre carte.
Déterminés à en finir avec la dictature, moise_katumbi et fatshi13 travaillent main dans la main pour la tenue le 23/12 prochain d’élections crédibles pour la toute 1ère passation pacifique du pouvoir en #RDC.
Le tandem porte les espoirs d’une nation qui aspire au changement ! pic.twitter.com/yRKELpwF7V— Ensemble pour le Changement (@Ensemble_MK) 22 mai 2018
Surtout, qu’il a souvent bénéficié d’un important soutien multiforme des pays voisins comme l’Ouganda qui avait soutenu son mouvement rebelle en 1998.