Onze militaires maliens ont été tués et cinq blessés tôt dimanche matin au cours d’une attaque contre la base militaire de Boulikessi, dans le centre du Mali, près du Burkina Faso, a annoncé le ministère malien de la Défense dans un communiqué lu à la télévision.
Mali : 11 morts dans une attaque contre l'armée
“Des hélicoptères de l’opération Barkhane ont atterri à Boulikessi pour nous assister”, a-t-on indiqué de source militaire malienne.
La force française Barkhane a mené 125 opérations en 2016 dans les cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso) dans lesquels elle opère, seule ou en partenariat avec des forces locales.
Selon une source sécuritaire régionale, “l’attaque (de dimanche) a été menée par le groupe du jihadiste (Malaam) Ibrahim Dicko, qui dirige Ansarul Islam, un mouvement terroriste”.
Ce groupe a revendiqué plusieurs attaques ces derniers mois dans le nord du Burkina et notamment le raid le plus meurtrier de l’histoire contre l’armée burkinabè qui a fait 12 morts et traumatisé le pays.
“Nous venons d’entrer en contact avec la hiérarchie de l’armée du Burkina. Une vingtaine de militaires maliens ont pu se replier (dimanche) au Burkina Faso voisin”, selon la même source militaire malienne.
“Nous avons recueillis quatorze militaires maliens qui sont entrés sur notre territoire suite à l’attaque qui a eu lieu à Boulikessi au Mali”, a déclaré à l’AFP un haut responsable militaire.
Selon l’officier, les soldats maliens, dont le plus gradé est un sergent-chef, sont entrés à Kéréboulé, une localité située à environ 75 km au nord-ouest de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, près de la frontière malienne.
Boulikessi, qui est une localité frontalière malienne des provinces du Soum et de l’Oudalan au Burkina Faso, a été prise pour cible dimanche par des assaillants non identifiés, selon un habitant et un officier malien.
“Le village de Boulikessi, au Mali, où est basé un détachement de l’armée malienne, a été attaqué ce matin (dimanche) aux environs de 05h00 du matin par des éléments terroristes”, a déclaré un habitant de Douentza, chef-lieu de cercle du village.
Les attaques jihadistes ont augmenté dans le centre du Mali alors que par le passé elles étaient concentrées dans le nord du pays. En 2012, le nord du Mali était tombé sous le contrôle de rebelles touaregs et de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Une grande quantité de matériel de guerre a été brûlée ou emportée dimanche par les assaillants.
L’attaque a été confirmée par un officier de l’armée malienne à Bamako qui a précisé que “des renforts (ont été) envoyés sur place pour traquer les responsables et faire le point sur les dégâts”.
D’autres sources ont fait état “d’une très forte puissance de feu de l’ennemi” qui a contraint les militaires maliens à la “débandade”.
Voisin du Mali et du Niger, le nord du Burkina, notamment les provinces de l’Oudalan et surtout du Soum, sont l’objet d’attaques régulières depuis 2015.
Un directeur d‘école et un villageois dans le Soum ont été abattus vendredi par de présumés jihadistes à Kourfayel.
Ces assassinats sont survenus quatre jours après des attaques de bâtiments publics dont deux commissariats dans le même secteur. Elles avaient été revendiquées par Ansarul.
Par ailleurs, à quelques heures de l’installation des autorités intérimaires, un vent de panique souffle sur la ville de Tombouctou. Des groupes armés ont pris position à toutes les entrées et sorties de la ville, a constaté un habitant du quartier périphérique d’Abaroudjou.
“Les éléments de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad – ex-rébellion) et de la Plateforme (groupes armés progouvernementaux) ont pris position partout hors de la ville. Nous avons vraiment peur d‘être pris entre deux feux”, s’inquiète cet habitant qui dit avoir vu “des colonnes de véhicules équipés d’armes lourdes à la sortie de Tombouctou, côté fleuve”.
Interrogé par l’AFP, un fonctionnaire du gouvernorat affirme que la mise en place des autorités intérimaires des régions de Tombouctou et de Teoudeni est bel et bien prévue pour demain (lundi)”.