Congo-Brazzaville : des jeunes appellent à un retrait de la CPI

Les jeunes de la majorité présidentielle au Congo-Brazzaville militent pour un retrait du pays de la Cour pénale internationale. Une requête qui entre dans la mouvance de départs successifs de quelques pays africains de la Cour.

Ils étaient des centaines de jeunes, ce jeudi, dans les rues de la capitale congolaise Brazzaville. Au bout de plus de deux kilomètres de marche, ces jeunes regroupés au sein de deux mouvements de la majorité présidentielle – Front patriotique (FP) et Mouvement réveil (MR2020) – ont déposé un plaidoyer au ministère de la Justice.

Ce document intitulé “Plaidoyer pour le retrait du Congo de la CPI” voudrait, comme son nom l’indique, que le pays abroge son appartenance au Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, que le Congo a ratifié en mai 2004, faisant de lui le 94e pays membre.

“Il s’avère que cette ratification est incompatible avec les dispositions prévues par l’article 10 de notre nouvelle Constitution”, a justifié Paolo Benazo, secrétaire général du FP, que dirige Destinée Hermellia Doukaga, ministre de la Jeunesse qui était présente à la manifestation.

En effet, selon l’article 10 de cette Constitution adoptée après le référendum d’octobre 2015, “sauf en cas de perte ou de déchéance de nationalité, aucun citoyen congolais ne peut être ni extradé, ni livré à une puissance ou organisation étrangère” quel que soit le motif.

Pierre Mabiala, ministre de la justice, a dit prendre “acte de la démarche” des jeunes après avoir reçu leur plaidoyer.

Pour les organisations des droits de l’homme, cependant, cette initiative passe mal. Elle serait alors “le garant de l’impunité” dans le pays, craint Roch Euloge Nzobo du Centre des droits de l’homme et du développement.

“Les États peuvent partir de la CPI, mais cela ne les exempte pas des poursuites dans le cadre de la convention contre la torture par exemple. On peut partir de la CPI, mais la justice vous rattrapera toujours”, s’est-il tout de même rassuré.

Si jamais cette requête des jeunes de la majorité venait à être acceptée par le gouvernement, le Congo deviendrait alors le quatrième pays à quitter la Cour après le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie.
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