Guerre au Soudan : les humanitaires tirent la sonnette d’alarme

Des familles soudanaises déplacées d'El-Fasher font la queue pour recevoir une aide alimentaire dans le camp nouvellement créé d'El-Afadh à Al Dabbah.   -  
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Les Soudanais qui ont fui les violences à El Fasher restent marqués par les souvenirs des attaques même s’ils ont fui la ville. 

Dans une vidéo diffusée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), des centaines de personnes sont installées dans des camps de déplacés dans la ville de Tawila.

Parmi elles, Jamila Ismail, mère de sept enfants. Après une attaque contre un marché local, Jamila a perdu l'un de ses enfants dans le chaos.

Elle raconte son calvaire : "J'ai continué à chercher mon fils, dans l'espoir de le retrouver. Mais je n'ai pas réussi. Partout où je me renseignais, on me disait qu'il était peut-être parmi les morts. J'ai vérifié les corps. C'est un sentiment très étrange, très anormal, quand quelqu'un disparaît. Nous avons pris l'habitude de supposer que si quelqu'un ne revient pas, c'est probablement qu'il est mort".

Elle découvrira plus tard que son fils a survécu. Gravement blessé, il avait été conduit dans un centre médical pour y être opéré.

Les Nations unies estiment que plus de 2 000 femmes soudanaises enceintes ont fui El Fasher pour échapper au conflit.

Une crise humanitaire sans précédent

Hussein Rasool, coordinateur adjoint pour la sécurité économique au CICR déclare que la situation des personnes arrivant à Tawila était extrêmement difficile.

"Des milliers de familles ont été contraintes de fuir leur foyer en raison du conflit. Elles sont arrivées ici, à Tawila, et continuent d'affluer chaque jour. Il s'agit principalement de femmes, d'enfants et de personnes âgées. Leur situation est extrêmement difficile. Ils ne sont même pas en mesure de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Ils ont faim, soif, sont traumatisés et épuisés. Certains d'entre eux sont même blessés ou malades et ont perdu le contact avec leurs proches. Les équipes d'intervention rapide du Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge soudanais travaillent sans relâche sur le terrain chaque jour pour tenter d'apporter secours et espoir aux communautés touchées", déplore-t-il. 

Le mois dernier, les FSR ont envahi El-Fasher après plus de 500 jours de siège.

Selon des organisations humanitaires et des témoins, le groupe paramilitaire est allé de maison en maison, tuant des civils et commettant des agressions sexuelles.

Les forces de sécurité ont également pris d'assaut une maternité, le dernier établissement de santé en activité à El-Fasher, tuant 460 patients et leurs accompagnateurs.

Selon l'ONU, cette attaque a privé plus de 6 000 femmes enceintes de soins maternels vitaux.

Le massacre a contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons, se lançant dans un périlleux exil dans l'espoir d'atteindre des camps pour personnes déplacées.

La guerre entre les FSR et l'armée a commencé en avril 2023, lorsque des tensions ont éclaté entre les deux anciens alliés qui étaient censés superviser une transition démocratique après un soulèvement en 2019. Selon l'Organisation mondiale de la santé, les combats ont fait au moins 40 000 morts et 12 millions de déplacés. Les organisations humanitaires affirment que le nombre réel de victimes pourrait être beaucoup plus élevé.

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