Soudan : l’ONU enquête sur les exactions commises par les Forces de soutien rapide

Une femme et un enfant déplacés au camp El-Afadh à Al Dabbah, État du Nord du Soudan, au Soudan, le jeudi 13 novembre 2025.   -  
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Depuis plusieurs semaines, la ville d'el-Fasher, capitale du Darfour-Nord au Soudan, est tombée sous le contrôle des Forces de soutien rapide. Cette prise de pouvoir a déclenché un exode massif, obligeant des dizaines de milliers de civils à fuir les violences et les exactions, tandis que l’ONU tire la sonnette d’alarme sur une crise humanitaire dramatique.

Depuis la conquête de la ville par les Forces de soutien rapide, les habitants d'El-Fasher vivent dans la peur et l’insécurité. L’Organisation internationale pour les migrations estime que près de 100 000 personnes ont été contraintes de se réfugier dans des camps autour des villes voisines d’Al Dabbah et de Tawila, situées à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest.

Fatheya Mohamed Hussein, une femme déplacée, témoigne : « Il n’y avait plus d’ombaz, ce résidu issu du pressage de l’huile des coques d’arachide. Un petit morceau valait 150 livres, il n'y en avait plus sur les marchés. L’eau venait à manquer, nous avions soif et les puits étaient fermés. Dieu seul sait combien il était difficile de subsister. Une tragédie succédait à une autre, et nous avons fini par nous résoudre à fuir El-Fasher. »

Les témoignages recueillis décrivent une situation de violences systématiques avec des pillages, humiliations, et exécutions sommaires. Adam, un homme déplacé, raconte : « Les paramilitaires brandissaient leurs fusils en affirmant qu’ils avaient le droit de nous tuer. Ils fouillaient nos biens avec minutie, jusque dans nos sous-vêtements. S’ils trouvaient sur nous de la monnaie, ne serait-ce qu’une livre, c'était confisqué. Fouilles, coups, humiliations et tortures… certains ont péri, d’autres ont survécu, et plusieurs demeurent portés disparus. »

Face à cette situation dramatique, l’ONU a dénoncé des violations présumées des droits humains et annoncé l’ouverture d’enquêtes pour identifier les responsables et renforcer la protection des civils.

Stéphane Dujarric, porte-parole de l’organisation, souligne : « Nos collègues du Programme alimentaire mondial nous avertissent que plus de 21 millions de personnes, soit 45 % de la population soudanaise, font aujourd’hui face à une insécurité alimentaire aiguë après plus de deux ans et demi de conflit. La famine a été confirmée à El-Fasher et à Kadugli, deux régions largement isolées de l’aide humanitaire. Toutefois, dans les neuf autres régions où le PAM a pu maintenir un accès constant, les conditions de famine ont été atténuées grâce à une assistance soutenue. »

Depuis le début de la guerre civile au Soudan, en avril 2023, près de 12 millions de personnes ont été déplacées, constituant la plus grande crise de déplacements au monde. Le HCR a lancé un appel urgent de 84 millions de dollars pour soutenir ses opérations vitales jusqu’en 2026. L’organisation insiste sur la nécessité d’un accès sécurisé pour évaluer la situation sur le terrain et apporter une aide humanitaire urgente.

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