Le documentaire réalisé par Nico Ballesteros, aujourd’hui en sortie limitée aux États-Unis, plonge sans détour dans l’univers contrasté de l’artiste Ye, entre fulgurances créatives et crises personnelles.
« In Whose Name? » : six années de tumulte dans l’intimité de Kanye West
À travers un accès privilégié, le jeune cinéaste esquisse le portrait d’une icône dont l’aura fascine autant qu’elle dérange.
Pendant six ans, l’objectif de Nico Ballesteros n’a cessé de scruter les métamorphoses de Kanye West, désormais Ye. Entré presque par hasard dans le cercle restreint de l’artiste alors qu’il n’était qu’adolescent, le réalisateur a capté aussi bien les instants d’euphorie publique que les fragilités les plus intimes : effondrements psychologiques, conversations familiales, confidences sur la santé mentale.
Le film, qui se revendique comme une sorte de « test de Rorschach » pour le spectateur, refuse le sensationnalisme. Ballesteros affirme s’intéresser moins aux controverses politiques ou aux déclarations polémiques de Ye qu’à une réflexion plus vaste sur l’idolâtrie contemporaine et les figures culturelles qui polarisent notre époque.
L’œuvre témoigne également de la confiance singulière accordée par Ye, lequel n’interrompait presque jamais le tournage, permettant à la caméra de tourner douze à dix-huit heures par jour. Des rencontres avec Elon Musk aux silences chargés d’émotion dans un salon du Château Marmont, ce compagnonnage a donné naissance à un récit filmique que l’artiste lui-même a décrit comme « regarder sa vie comme s’il était déjà mort ».
Pour Ballesteros, cette aventure cinématographique est autant une exploration du mythe Ye qu’un voyage initiatique personnel. Le documentaire, à la fois chronique d’un génie controversé et méditation sur notre rapport collectif aux icônes, s’impose comme une invitation à la discussion plus que comme un verdict.