Ghana : l'ostréiculture en péril dans les mangroves côtières

Des femmes déchargent des huîtres d'un canoë à Tsokomey, au Ghana, le 6 août 2025. (AP Photo/Misper Apawu)   -  
Copyright © africanews
Copyright 2025 The Associated Press. All rights reserved.

Au Ghana, dans les mangroves côtières, l’ostréiculture est depuis des générations une activité pratiquée majoritairement par des femmes.

Beatrice Nutekpor, ostréicultrice depuis l’âge de 15 ans, perpétue ce métier transmis par sa mère. À 45 ans, elle espère aujourd’hui le transmettre à sa propre fille. Mais la pratique est de plus en plus difficile à maintenir.

Les mangroves, essentielles à l’écosystème, servaient autrefois de support naturel aux huîtres. Avec leur disparition progressive – due à la coupe de bois, à l’urbanisation et aux effets du changement climatique – les huîtres se fixent désormais dans l’eau ou aux rares mangroves replantées. Ces arbres jouent pourtant un rôle crucial : ils abritent poissons et huîtres, protègent les côtes contre l’érosion et atténuent les effets des tempêtes.

Jusqu’à récemment, un programme financé par l’USAID formait des centaines de femmes à des méthodes durables : replantation de mangroves, récolte sélective des huîtres, et sensibilisation à l’environnement. Mais ces initiatives ont pris fin après la suppression de l’aide américaine décidée sous l’administration Trump. Résultat : les femmes sont livrées à elles-mêmes, dans un contexte de crise économique sévère au Ghana.

« Avant, nous ne savions pas à quel point les mangroves étaient importantes », explique Promise Hunya, agent de liaison communautaire à la Development Action Association. « Grâce au projet de l’USAID, nous avons appris à les protéger. »

Aujourd’hui, les ostréicultrices doivent plonger jusqu’à 9 mètres de profondeur pour trouver les huîtres, une tâche dangereuse et exténuante. Pourtant, les revenus restent maigres : une bassine d’huîtres se vend à peine 4 dollars.

Le professeur Francis Nunoo, de l’Université du Ghana, tire la sonnette d’alarme : « Si la destruction des mangroves dépasse leur régénération, nous perdrons des espèces… et des vies. » Il plaide pour des alternatives économiques durables afin de réduire la dépendance des populations à ces écosystèmes menacés.

À découvrir également

Voir sur Africanews
>