Au Ghana, dans les mangroves côtières, l’ostréiculture est depuis des générations une activité pratiquée majoritairement par des femmes.
Ghana : l'ostréiculture en péril dans les mangroves côtières
Beatrice Nutekpor, ostréicultrice depuis l’âge de 15 ans, perpétue ce métier transmis par sa mère. À 45 ans, elle espère aujourd’hui le transmettre à sa propre fille. Mais la pratique est de plus en plus difficile à maintenir.
Les mangroves, essentielles à l’écosystème, servaient autrefois de support naturel aux huîtres. Avec leur disparition progressive – due à la coupe de bois, à l’urbanisation et aux effets du changement climatique – les huîtres se fixent désormais dans l’eau ou aux rares mangroves replantées. Ces arbres jouent pourtant un rôle crucial : ils abritent poissons et huîtres, protègent les côtes contre l’érosion et atténuent les effets des tempêtes.
Jusqu’à récemment, un programme financé par l’USAID formait des centaines de femmes à des méthodes durables : replantation de mangroves, récolte sélective des huîtres, et sensibilisation à l’environnement. Mais ces initiatives ont pris fin après la suppression de l’aide américaine décidée sous l’administration Trump. Résultat : les femmes sont livrées à elles-mêmes, dans un contexte de crise économique sévère au Ghana.
« Avant, nous ne savions pas à quel point les mangroves étaient importantes », explique Promise Hunya, agent de liaison communautaire à la Development Action Association. « Grâce au projet de l’USAID, nous avons appris à les protéger. »
Aujourd’hui, les ostréicultrices doivent plonger jusqu’à 9 mètres de profondeur pour trouver les huîtres, une tâche dangereuse et exténuante. Pourtant, les revenus restent maigres : une bassine d’huîtres se vend à peine 4 dollars.
Le professeur Francis Nunoo, de l’Université du Ghana, tire la sonnette d’alarme : « Si la destruction des mangroves dépasse leur régénération, nous perdrons des espèces… et des vies. » Il plaide pour des alternatives économiques durables afin de réduire la dépendance des populations à ces écosystèmes menacés.