Haïti : à Solino, les habitants tentent de se reconstruire malgré la violence des gangs

Des jeunes utilisent des brouettes pour transporter les débris hors de leurs maisons, à Solino à Port-au-Prince, en Haïti, le mercredi 10 septembre 2025.   -  
Copyright © africanews
AP Photo/Odelyn Jose

À Port-au-Prince, les quartiers de Solino, Nazon et Delmas 30 ont été ravagés par la violence des gangs.

Pendant près d’un an, ces quartiers ont été sous le joug de bandes armées qui ont pris possession des rues, incendié des maisons, pillé des commerces et terrorisé la population. La plupart des habitants n’ont eu d’autre choix que de fuir.

Aujourd’hui, alors que les assaillants semblent avoir quitté les lieux, un lent retour s’amorce. Ceux qui franchissent à nouveau le seuil de leur domicile découvrent une vie à reconstruire sur les ruines laissées derrière eux.

« Je suis un entrepreneur. Je possédais un funérarium, une quincaillerie, une boutique d’apothicaire et un service de location de maisons. Depuis le 13 novembre, je n'ai plus qu'un pantalon et des sandales », témoigne Gerald Jean, résident de Solino, démuni après la destruction de toutes ses activités.

Mais tous ne trouvent pas le courage de revenir. À 68 ans, Marie-Marthe Vernet refuse de réintégrer sa maison, transformée en champ de ruines. Elle porte encore les séquelles d’une blessure par balles infligée l’an dernier par le gang Viv Ansanm. « Il est hors de question que je revienne vivre ici. Pas tant que le gang Viv Ansanm contrôle le quartier », lâche-t-elle, amère.

Les commerces, eux, n’ont pas été épargnés. La boulangerie de Louisnor Felix, qui nourrissait tout un secteur, a été entièrement saccagée. « C'est très grave, ils ont pris ce qu'ils pouvaient et ont tout cassé. Ce qu'ils n'ont pas pu prendre, ils l'ont cassé et laissé derrière eux. Voici le four, mais ils n'ont pas pu le prendre, alors ils ont pris le moteur », raconte-t-il, devant les débris de son établissement.

Si certains quartiers connaissent un répit relatif, la violence continue de sévir ailleurs dans la capitale. Selon les chiffres des Nations unies, plus de 1,3 million de personnes sont déjà déplacées à travers Haïti, victimes de l’instabilité chronique qui ravage le pays.

Voir sur Africanews
>