L’issue des dix jours de négociations sous l’égide des Nations unies a été sans appel : aucun accord n’a pu être conclu pour endiguer la pollution plastique.
ONU : nouveau revers pour le traité mondial sur la pollution plastique
Les représentants des 185 pays réunis en Suisse espéraient sceller un traité ambitieux, mais les discussions se sont achevées dans la nuit sur un constat d’échec.
Un texte de compromis, dévoilé quelques heures avant la clôture, comptait encore plus d’une centaine de points non résolus. Malgré une prolongation de séance décidée in extremis par le président des débats, le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, les délégations sont restées irréconciliables. Déjà, deux jours plus tôt, une proposition de synthèse avait été largement rejetée.
Le dernier projet, selon l’Associated Press, ne fixait aucun plafond à la production mondiale de plastique, tout en admettant que les niveaux actuels sont « insoutenables ». Cette absence de contrainte ferme a exacerbé les tensions.
Les partisans d’un texte ambitieux (Union européenne, Canada, Australie, ainsi que plusieurs États d’Amérique latine, d’Afrique et du Pacifique) réclament une réduction nette de la production et l’interdiction des substances dangereuses. En face, les grands producteurs de pétrole et de plastique refusent toute régulation sur la fabrication, privilégiant l’amélioration du recyclage et de la gestion des déchets.
Les observateurs soulignent le rôle discret mais influent de l’industrie pétrochimique dans les coulisses. Pour beaucoup, cet échec rappelle celui de Pusan, en Corée du Sud, fin 2024, et fait craindre un enlisement des pourparlers internationaux.
Pendant ce temps, la crise s’intensifie. Depuis l’an 2000, la planète a produit plus de plastique qu’au cours des cinquante années précédentes, en majorité à usage unique. Chaque année, quelque 450 millions de tonnes sont fabriquées, dont moins de 10 % sont recyclées. Si la tendance actuelle perdure, l’OCDE prévoit que ce volume pourrait être multiplié par trois d’ici 2060.
Pour l’ONG CIEL, la méthode employée dans ces négociations suit un schéma bien connu : présenter d’abord un texte inacceptable, puis proposer un compromis minimal, légèrement amendé, mais toujours loin des mesures nécessaires face à l’urgence environnementale.
La communauté internationale se trouve désormais face à un choix : maintenir le cycle des demi-mesures ou surmonter les clivages pour éviter que la pollution plastique ne détériore durablement les écosystèmes et ne menace la santé humaine.