À l'approche de la neuvième édition de la TICAD, le Japon redouble d'efforts dans son programme d'investissement et d'innovation collaboratifs à travers l'Afrique. L'agence de développement de Tokyo, la JICA, affirme que l'accent restera mis sur la résilience climatique, les infrastructures et le développement du capital humain, des points sensibles alors que la crise du chômage des jeunes s'aggrave en Afrique et que les politiques commerciales protectionnistes menacent la coopération mondiale.
TICAD 9 : le Japon mise gros sur l'innovation africaine [Business Africa]
Dans une interview exclusive, Shuhei Ueno, directeur général adjoint du département Afrique de la JICA, a déclaré que le Japon avait déjà obtenu des résultats significatifs depuis la TICAD 8. Sur les 5 milliards de dollars promis pour les investissements du secteur privé dans le cadre de l'initiative EPSA 6 (Enhanced Private Sector Assistance), près de 2,9 milliards ont été cofinancés par la Banque africaine de développement et la JICA.
Les projets comprennent le financement de l'agriculture au Nigeria, le soutien aux infrastructures en Égypte et des programmes de formation approfondis pour les fonctionnaires, avec plus de 290 000 personnes formées à ce jour.
Dans la perspective de la TICAD 9, M. Ueno a souligné que l'emploi des jeunes, la transformation numérique et l'intégration commerciale dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) seront les priorités du Japon. Une initiative remarquable est la création d'une "école d'IA" au Kenya, lancée en collaboration avec des universités locales, afin de former les futurs leaders technologiques africains.
"Nous voulons que les jeunes Japonais et les jeunes Africains travaillent ensemble", a déclaré M. Ueno. "L'Afrique a la population, le Japon a l'expérience et la technologie. Ensemble, nous pouvons co-créer des solutions pour un monde meilleur."
À une époque où les tensions commerciales mondiales s'intensifient, la TICAD 9 vise également à mettre en avant le pouvoir de la coopération internationale. Le Japon prévoit d'organiser un forum multilatéral avec des pays tels que l'Indonésie, le Brésil et la Turquie, en collaboration avec l'AUDA-NEPAD, afin d'explorer des modèles de collaboration pour le développement de l'Afrique.
Les 21 milliards de dollars de la diaspora nigériane
Alors que le Japon courtise l'Afrique avec des innovations et de l'aide, des Africains ordinaires vivant à l'étranger jouent un rôle de plus en plus important dans le maintien à flot de l'économie de leur pays d'origine. Au Nigeria, les envois de fonds de la diaspora ont atteint 21 milliards de dollars cette année, dépassant à la fois l'aide étrangère et les investissements directs, selon la Banque centrale.
Avec la montée de l'inflation et la forte pression sur le naira, des millions de familles nigérianes dépendent des transferts de fonds provenant de l'étranger pour couvrir leurs besoins fondamentaux tels que l'alimentation, les soins de santé et l'éducation. Selon les analystes, cette tendance met en évidence à la fois la résilience et la vulnérabilité de l'économie nigériane : un filet de sécurité alimenté par la migration, mais aussi le signe d'un manque d'opportunités au niveau national.
Les chenilles du karité nourrissent les populations du Burkina Faso
Au Burkina Faso, l'innovation prend une forme peu conventionnelle : les insectes comestibles. Dans la ville de Bobo-Dioulasso, les chenilles du karité, connues localement sous le nom de chitoumou, ne sont pas seulement un mets saisonnier, mais aussi un commerce de rue en plein essor. Les femmes entrepreneurs sont à l'avant-garde de cette tendance, transformant ces insectes riches en protéines en snacks grillés et en ragoûts, offrant ainsi une source de revenus vitale dans l'un des pays les plus pauvres d'Afrique de l'Ouest.
"Ils sont nutritifs, ils ont bon goût et les gens en achètent de plus en plus chaque année", explique un vendeur ambulant. Ce qui était au départ un aliment de survie alimente aujourd'hui une industrie émergente qui revêt une importance culturelle et économique.