Teodoro Obiang Nguema en Guinée Équatoriale, Paul Biya au Cameroun ou encore Paul Kagame au Rwanda, ils sont près d’une dizaine de présidents à s’être maintenus au pouvoir durant des décennies. Entre modifications de la constitution, mainmise sur les élections et autres mesures autocratiques, ils ont tout osé et tout reformé pour demeurer chef d'États.
Sept présidents aux plus longs règnes d’Afrique en 2025
7 - Paul Kagamé, Rwanda, 25 ans
Réélu le 15 juillet 2024, Paul Kagamé est président de la République du Rwanda depuis le 24 mars 2000, soit 25 ans.
Âge de 67 ans, il était commandant du Front patriotique rwandais (FPR), un mouvement rebelle qui combattait le pouvoir Hutu. Il remporte la guerre civile rwandaise et met fin au génocide des Tutsi en 1994. Par la suite, il devient vice-président et ministre de la Défense, sous la présidence de Pasteur Bizimungu.
À son poste, il soutient une invasion rebelle du Zaïre en 1996, menant au renversement du président zaïrois Mobutu Sese Seko en 1997. Il soutient également plusieurs groupes rebelles dans la deuxième guerre du Congo, de 1998 à 2003, contre le nouveau gouvernement congolais de Laurent-Désiré Kabila puis de son fils Joseph Kabila.
Après la démission de Pasteur Bizimungu en 2000, il accède à la présidence en tant que quatrième président du Rwanda et depuis, il sera systématiquement réélu.
Alors que beaucoup apprécient son bilan économique, il est considéré par plusieurs observateurs comme étant un dictateur.
Il est accusé par l'ONU d'être partie prenante à la guerre du Kivu dans l'est de la République démocratique du Congo, en soutenant le Mouvement du 23 mars (M23), groupe armé rebelle accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
6 - Ismail Omar Guelleh, Djibouti, 26 ans
On n'entend pas souvent parler de lui, mais Ismail Omar Guelleh, 77 ans, Président de la République de Djibouti, a une longévité à ne pas négliger.
Guelleh dirige le pays depuis 26 ans, détenant le record de longévité à la présidence de Djibouti.
Il arrive au pouvoir le 08 mai 1999, succédant à son oncle Hassan Gouled Aptidon, et devient le deuxième président de Djibouti en mai 1999.
En 1965, âgé de 18 ans, Ismail Omar Guelleh commence à travailler au sein des Renseignements généraux du Territoire français des Afars et des Issas, car il est polyglotte, s’exprimant en amharique, somalien, arabe, français, italien et anglais.
En 1974, il est suspendu de ses fonctions, car soupçonné de transmettre des informations à la mouvance indépendantiste. Il s'investit alors dans la Ligue populaire africaine pour l'indépendance (LPAI) présidée par Hassan Gouled Aptidon, qui milite pour l'indépendance.
Membre du parti présidentiel, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), dès sa création en 1979, il est élu président du comité central et de la commission culturelle en 1981.
La liberté de presse est presque inexistante sous son gouvernement. En 2025, Reporters sans frontières situe Djibouti à la 168e place sur 180 pays, décrivant une situation de « terreur médiatique » où tout un arsenal répressif est déployé contre les journalistes.
Le 9 avril 2021, Ismaïl Omar Guelleh est réélu pour un 5e mandat à la tête de l'État dès le premier tour avec 98,58 % des voix.
5 - Isaias Afwerki, Érythrée, 32 ans
Isaias Afwerki est président de l’Érythrée depuis son indépendance, en 1993.
Avant cette date, le pays était lié à l'Éthiopie, lui garantissant son ultime façade maritime. Le président érythréen a été l'un des principaux artisans de cette indépendance, obtenue grâce à un référendum soutenu par l'ONU le 24 mai 1993.
En février 1994, le FPLE est renommé Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ) lors de son troisième congrès et Afwerki reste le secrétaire général du parti unique du nouvel État.
Dès le début de son mandat, Isaias Afwerki instaure un régime de parti unique, sans élections, une économie centralisée sur l'État et une forte restriction de la liberté de la presse.
Après la deuxième guerre contre l’Éthiopie (de 1998 à 2000), le président Afwerki fait basculer son pays dans la dictature.
Son pays est considéré comme l’un des plus fermé au monde.
4 – Yoweri Museveni, Ouganda, 39 ans
Yoweri Museveni est à la tête du gouvernement ougandais depuis 1986, soit 39 ans.
Commandant du Mouvement de résistance nationale (NRM), il fait partie des rebelles qui ont renversé les dirigeants ougandais Idi Amin (1971-1979) et Milton Obote (1980-1985). Reconnu comme héros par l'Occident, Museveni va supprimer la limitation de mandats présidentiels en 2005, lui permettant ainsi de se maintenir au pouvoir. En 2018, il supprime la limite d'âge présidentielle puis gagne un sixième mandat à l'issue de l'élection présidentielle de 2021.
Il va aussi se distinguer en 2014 par ses lois anti-homosexualité visant à introduire la peine de mort pour les personnes LGBT+.
En politique extérieure, il soutient une invasion rebelle du Zaïre pendant la première guerre du Congo en 1996, menant au renversement du dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko l'année suivante. Il soutient également plusieurs groupes rebelles, notamment le Mouvement de libération du Congo (MLC) contre le nouveau gouvernement congolais de Laurent-Désiré Kabila puis de son fils Joseph Kabila dans la deuxième guerre du Congo de 1998 à 2003.
Au cours de sa présidence, Yoweri Museveni fait face à l'insurrection de l'Armée de résistance du Seigneur mais ne faiblit pas.
3- Denis Sassou-Nguesso, République du Congo, 41 ans
À 82 ans, Denis Sassou-Nguesso est le président de la République démocratique du Congo depuis 41 ans.
Initialement militaire et homme d'État congolais, il est devenu chef de l'État pour la première fois en mars 1979 et a dirigé le pays jusqu'en août 1992. Il est revenu au pouvoir après une guerre civile en 1997 et est resté en poste depuis, écrasant toute opposition politique significative.
Pour retrouver le pouvoir, il a renversé le président élu : Pascal Lissouba, lors de la guerre civile du Congo-Brazzaville. Dès les années 1960, Denis Sassou-Nguesso participe à la mouvance des officiers progressistes qui lui donne une place parmi les trente-neuf membres du Conseil national de la révolution. Il finit par les diriger. Il fonde ensuite le Parti congolais du travail (PCT) qui demeure à ce jour le parti unique du pays.
Militaire, formé à l’École nationale des sous-officiers et à l’École militaire de Cherchell en Algérie, Sassou Nguesso remporte tous les suffrages. Lors de la réforme constitutionnelle de 2015, il supprimé les articles l’empêchant de briguer un autre mandat. En mars 2021, il est réélu pour un 4e mandat, sous les couleurs du Parti congolais du travail (PCT), avec un score de 88,57%.
Malgré des troubles périodiques et des difficultés économiques, Sassou Nguesso ne compte pas laisser le pouvoir.
2- Paul Biya, Cameroun, 43 ans
À 92 ans, Paul Biya est le doyen des chefs d'États africains et le plus vieux dirigeant en exercice du monde. Il trône sur son fauteuil de président élu depuis 1982, soit 43 ans.
De son nom Paul Barthélemy Biya’a bi Myondo, il est né le 13 février 1933 à Mvomeka'a dans le département du Dja-et-Lobo.
Fils de catéchiste, il effectue un bref passage au séminaire, avant de poursuivre ses études à Paris, où il obtient une licence en droit public en 1961.
De retour au Cameroun, il est sous la coupe du président Ahidjo, chargé de mission à la présidence (1962-1965), directeur de cabinet civil (1967-1968), ministre secrétaire général de la présidence (1968-1975).
En 1975, il devient Premier ministre jusqu’au départ de Ahidjo en 1982, où il accède à la fonction suprême. En 1984, il élimine ses rivaux après une tentative de coup d'État de la garde présidentielle et consolide ainsi son pouvoir.
Si à chaque élection, l'opposition et les gouvernements occidentaux mentionnent des irrégularités, aucune suite n’est jamais donnée. Le doyen des chefs d'États reste imperturbable alors que son pays traverse des crises politiques et sécuritaires comme Boko Haram et la crise anglophone.
Il brigue d’ailleurs avec son parti le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), un 8e mandat en octobre 2025.
1- Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Guinée équatoriale, 43 ans
Au pouvoir depuis 1979, Teodoro Obiang Nguema Basogo bat tous les records de longévité à la tête d’un État africain. A 83 ans, il totalise 43 ans de gouvernance au sommet de la Guinée Équatoriale.
Né en 1942 à Mongomo, dans l’est du pays, Teodoro Obiang Nguema est tour à tour commandant de l'armée et des régions militaires de la capitale puis, directeur général de l'approvisionnement et de la planification au ministère de la Défense et vice-ministre des Forces armées populaires.
Le 3 août 1979, alors qu’il profite encore des privilèges de son oncle le président Francisco Macias Nguema, il organise un coup d’État et renverse ce dernier, à qui il reproche ses violations des droits de l'homme. Il devient alors président du Conseil militaire suprême, avant de devenir président de la République en 1982.
Le 20 novembre 2022, il est réélu pour un nouveau septennat avec 97 % avec son parti le PDGE (Parti démocratique de Guinée équatoriale).
S'il est accusé de corruption et de trafic de stupéfiants, il poursuit sa gouvernance qualifiée de dictature sans partage.
Ces dernières années, il a nommé son fils Teodorin Nguema Obiang comme vice-président, malgré les accusations qui pèse contre contre lui et sa condamnation en France pour blanchiment et abus de biens sociaux.