Au Nigeria, les groupes jihadistes font un retour en force, multipliant des attaques contre les populations. Les autorités sont accusées de laxismes alors que les initiatives pour lutter contre les terroristes ont échoué.
Nigeria : la résurgence des attaques jihadistes inquiète
Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria. La région est l’épicentre de l’insurrection de Boko Haram et de la branche de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest. Pour ses habitants, les initiatives menées par le gouvernement pour contenir ces islamistes ont échoué.
Un jeune nigérian se présente comme un ex-commandant de l’ISWAP. Nous l’appellerons Ali. Il a été démobilisé il y a deux ans, dans le cadre d’un programme d‘amnistie et de réinsertion sociale du gouvernent. Il menace de déterrer la hache de guerre invoquant des promesses non tenues.
"Le gouvernement nous a promis des emplois. C'était l'accord. Je n'ai rien : pas de nourriture, pas de travail. Quand nous rentrerons, nous attaquerons, nous ferons la guerre pour pouvoir manger et nourrir nos familles.’’ raconte-t-il.
Après quelques années de répit, les attaques se multiplient dans la région. Modu Ummate a perdu une jambe dans l'explosion d’une bombe il y a quelques mois. Alors qu’il se rendait dans ses champs. Il dénonce l’incurie présumée des forces de sécurité.
"J'ai peur. Huit personnes ont été tuées ce jour-là. L'armée n'en fait pas assez. Tout le monde était détendu parce que la situation était calme, mais c'était de la négligence, l'armée ne poursuivait pas les islamistes. D’où leur résurgence", explique la victime.
En juin, au moins 12 personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées lors d’un attentat-suicide dans un marché dans la périphérie Maiduguri. Mettant l’arme à rude épreuve. Malgré ce climat tendu, les autorités jouent la carte l’optimisme.
"La réintégration est en cours. Tout ce que les anciens insurgés veulent ne leur sera pas donné. Nous devons nous occuper des victimes. Si nous donnons trop de ressources aux insurgés, les victimes diront : et nous ?’’ , affirme Usman Tar, commissaire à l'information et à la sécurité dans l'État de Borno.
Mais les experts mettent en garde : la lutte contre le terrorisme ne fonctionnera pas si l'on ne s'attaque pas à la pauvreté et au chômage.