Le producteur musical Sean Combs, mondialement connu sous le nom de Diddy, a été partiellement reconnu coupable mercredipar un jury fédéral à Manhattan dans le cadre de son procès pour trafic sexuel. Il a été acquitté des accusations de traite d’êtres humains et de complot de racket, mais déclaré coupable de transport de prostituées à travers plusieurs États américains, en violation du Mann Act, une loi fédérale datant de 1910.
Sean "Diddy" Combs acquitté des chefs les plus lourds mais reste détenu
Ce texte, rarement utilisé dans les procès contemporains, interdit de transporter des individus à des fins de prostitution sur le territoire national. Combs, 55 ans, risque jusqu’à 20 ans de prison, selon que les peines soient cumulées ou non.
Le juge fédéral Arun Subramanian a refusé sa libération sous caution, invoquant un risque de fuite et la gravité des faits, ainsi que les antécédents de l’accusé. Il restera incarcéré au Metropolitan Detention Center (MDC) de Brooklyn jusqu’à l’audience de détermination de la peine, dont la date n’a pas encore été fixée.
Une stratégie de défense minimaliste mais calculée
Durant les huit semaines du procès, Sean Combs n’a jamais témoigné. Sa défense, menée par l’avocat Marc Agnifilo, n’a produit aucune preuve indépendante. Elle s’est concentrée sur le contre-interrogatoire des témoins à charge, parmi lesquels plusieurs anciennes partenaires de l’artiste.
Selon Mitchell Epner, ancien procureur fédéral et avocat pénaliste, ce choix tactique est loin d’être anodin :
« Les avocats de la défense savent que c’est le contre-interrogatoire qui constitue le plus gros du travail au procès. Dans la plupart des cas, la défense n’apporte que peu, voire pas du tout, de preuves indépendantes. Et dans la quasi-totalité des cas, l’accusé lui-même ne témoigne pas. L’avocat de la défense a fait le choix judicieux de considérer que le contre-interrogatoire était suffisant pour obtenir un acquittement sur les accusations les plus graves. Ce sont d’excellents avocats qui ont assuré une excellente défense. »
Cette ligne de défense a permis à Combs d’éviter une condamnation pour traite sexuelle, un chef d’accusation qui aurait pu entraîner la réclusion à perpétuité.
L’affaire a bénéficié d’une couverture médiatique massive, alimentée par les témoignages d’anciennes partenaires, dont Cassie Ventura, qui ont décrit une relation marquée par des rapports non consentis, des violences et des échanges financiers déguisés.
Mais pour Dina Doll, avocate spécialisée dans les affaires très médiatisées, la notoriété de l’accusé n’a pas joué un rôle déterminant dans le verdict :
« La célébrité et l’attention portée au procès n’ont pas toujours l’effet escompté. Parce qu’en fin de compte, notre système de sélection des jurés est vraiment bon. »
Le procès s’est déroulé à huis clos partiel, certains documents ayant été scellés en raison de leur caractère sexuellement explicite. Le jury, composé de citoyens ordinaires, a été instruit de ne pas consulter les médias ni les réseaux sociaux pendant toute la durée de la procédure.
Vers une peine mesurée ?
Même s’il échappe à une condamnation maximale, Sean Combs n’est pas à l’abri d’une peine ferme. Les lignes directrices fédérales en matière de condamnation prévoient une peine de 15 à 21 mois, comme l’explique à nouveau Mitchell Epner :
« Selon les lignes directrices fédérales en matière de condamnation, la peine probable sera mesurée en mois et non en années. Le point de départ à partir duquel le juge travaillera sera probablement de 15 à 21 mois. Cette durée peut être revue à la hausse ou à la baisse en fonction de certaines considérations. Le juge devra notamment tenir compte du temps que Sean Combs a déjà passé en prison, et il l’a passé au Metropolitan Detention Center (MDC), qui est l’une des pires prisons d’Amérique. De nombreux juges des districts sud et est de New York ont réduit les peines ou laissé les détenus en liberté sous caution en raison de l’horreur des conditions de détention au MDC. La défense va donc très certainement plaider en faveur d’une libération sous caution dès maintenant et d’une condamnation à une peine d’emprisonnement lorsqu’il s’agira de prononcer la sentence. »
Des audiences complémentaires devront évaluer la durée de détention provisoire à créditer, ainsi que l’impact des conditions de détention au MDC, régulièrement critiquées par les organisations de défense des droits de l’homme.
Parallèlement au procès pénal, plusieurs actions civiles ont été engagées contre Combs pour viol, coercition sexuelle et violences psychologiques. Certaines plaignantes, dont des hommes, affirment avoir été victimes de coercition lors de soirées privées ou de déplacements professionnels.
Combs nie l’ensemble des faits reprochés. Il évoque une « campagne de démolition » orchestrée selon lui pour mettre fin à sa carrière.