Le chef adjoint de la police kényane a démissionné ce lundi alors que l’affaire de la mort du blogueur Albert Ojwang, décédé en détention dans des circonstances suspectes, prend une tournure judiciaire majeure. Cette décision survient alors que la pression publique s’intensifie sur les autorités de sécurité et que l’enquête officielle progresse.
Kenya : le chef adjoint de la police démissionne après la mort d'Albert Ojwang
Albert Ojwang, arrêté le 6 juin dans l’ouest du Kenya pour avoir accusé publiquement le chef adjoint de la police Eliud Lagat de corruption via les réseaux sociaux, avait été transféré à Nairobi, à plus de 400 kilomètres de son domicile. Deux jours plus tard, il était retrouvé mort dans une cellule du commissariat central de la capitale.
Selon la police, Ojwang serait décédé après "s’être cogné la tête contre un mur". Mais un rapport d’autopsie indépendant a réfuté cette version, évoquant un traumatisme crânien, une compression du cou et des blessures multiples suggérant une agression.
Face à l’indignation croissante, le président William Ruto a appelé à une enquête complète et promis de « protéger les citoyens contre les policiers véreux ». Ce décès intervient un an après une vague de manifestations contre une loi de finances controversée, au cours desquelles plusieurs militants ont été enlevés ou tués.
Ce lundi, Samson Talam, officier commandant du commissariat central de Nairobi, était au tribunal pour une demande de libération sous caution. L'accusation s’y est fermement opposée, citant des risques d’ingérence dans l'enquête.
L'Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) a par ailleurs révélé que les enregistrements de vidéosurveillance du poste avaient été altérés et effacés un jour après la mort du blogueur.
L’avocat de Talam, Cliff Ombeta, a dénoncé une opération de communication :
« En raison de l'intérêt suscité, que veulent faire l'IPOA et les autres officiers ? Ils sont entrés dans un exercice de relations publiques pour laver leur nom, pour chercher quelqu'un à blâmer », a-t-il déclaré au tribunal. « Et ils disent qu'il veut interférer avec les caméras de surveillance alors que l'IPOA avait déjà pris le contrôle de la scène. »
En parallèle, le poste de chef adjoint de la police reste vacant pour l’instant, et plusieurs organisations de défense des droits humains réclament non seulement des sanctions individuelles, mais aussi une réforme structurelle de la chaîne de commandement policière.