La guerre dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun connaît une recrudescence inquiétante.
Crise au Cameroun : la violence reprend dans les régions anglophones
Les violences, comprenant assassinats et enlèvements, se multiplient ces dernières semaines, plongeant la population dans une insécurité extrême.
Une violence qui touche tous les acteurs
Les forces de sécurité, notamment policiers et gendarmes, sont de plus en plus souvent ciblés : plusieurs ont été tués lors d’attaques récentes. Du côté des séparatistes, certains ont également été tués, mais la violence ne semble faire aucune distinction.
Parmi les victimes figurent aussi des civils, comme l’a rapporté Le Journal du Cameroun, qui évoque notamment l’enlèvement d’un sous-préfet. Après six mois de captivité, il a été finalement libéré, témoignage de la dure réalité du conflit.
Une origine ancienne
Ce conflit qui perdure depuis 2016 a ses racines dans le souvenir de la colonisation. La majorité de la population camerounaise est francophone, issue d’un pays anciennement français, mais environ 20% des habitants résident dans des régions anglophones (Nord-Ouest et Sud-Ouest), issus d’un territoire britannique.
La frustration des anglophones face à leur marginalisation par le pouvoir central francophone a alimenté la tension. En 2016, des manifestations pacifiques contre l’usage du français dans les institutions locales ont été violemment réprimées, ce qui a enflammé les revendications indépendantistes, qui se sont rapidement transformées en une guerre de mouvements séparatistes.
Une guerre civile à peine voilée
Selon la BBC, cette crise a coûté la vie à plus de 6 000 personnes et forcé près d’un million d’individus à fuir leur domicile. Blaise Eyong, journaliste camerounais et auteur d’un documentaire pour BBC Africa Eye, témoigne : « Chaque matin, je me réveillais avec des corps dans la rue ou des maisons incendiées. » La situation est devenue si dramatique que beaucoup, comme lui, ont été contraints de quitter leur région pour échapper à la violence.
L’absence de perspective de paix
De plus en plus divisé, le mouvement séparatiste compte désormais plusieurs factions rivales. Par ailleurs, des milices créées par des civils aux côtés des forces gouvernementales amplifient encore le chaos.
Les analystes craignent que, sans solution politique, la lutte continue indéfiniment, laissant la population dans une impasse. Felix Agbor Nkongho, ancien leader des protestations anglophones, reste sceptique : « Avec la violence de chaque côté, qui restera en vie pour gouverner le jour d’après ? » La situation reste donc très fragile, et la communauté internationale est appelée à jouer un rôle pour rétablir la paix dans cette région déchirée.