Un éléphant a été repéré par une caméra-piège dans le parc national du Niokolo-Koba au Sénégal.
Sénégal : de l'espoir dans la lutte pour la protection des éléphants
Cette observation rare redonne espoir aux défenseurs de l’environnement, après plusieurs années d’efforts pour mieux protéger ce parc.
La population d’éléphants du pays a été réduite à une poignée d’individus, en raison de décennies de braconnage, de déforestation et d’empiètement humain sur leur habitat.
Cette observation exceptionnelle dans une zone reculée redonne donc de l’espoir aux écologistes.
Le Sénégal abrite l’une des populations d’éléphants les plus menacées d’Afrique. Selon l’Elephant Crisis Fund, celle du parc du Niokolo-Koba est passée de 450 individus dans les années 1970 à seulement 5 à 10 aujourd’hui.
Philipp Henschel, spécialiste de la faune sauvage et directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’organisation Panthera, explique :
« Nous menons des enquêtes approfondies dans le parc depuis 2021, en couvrant toute la zone avec des caméras-pièges. Jusqu’à présent, nous n’avons de preuves que de l’existence d’un seul éléphant. »
Il ajoute cependant :
« Il y a eu des rumeurs récemment, notamment d’un chauffeur de camion qui traversait le parc — une route nationale le traverse — et ce chauffeur affirme avoir vu trois éléphants. Il en est certain. Donc, il y a un mince espoir qu’un petit groupe d’éléphants subsiste encore dans le parc. »
Les associations de protection de la nature estiment que cette observation renforce la nécessité de renforcer les patrouilles anti-braconnage, de restaurer les habitats naturels et de collaborer avec les communautés locales pour limiter les conflits homme-éléphant.
Le parc national du Niokolo-Koba est réputé pour sa biodiversité et ses écosystèmes uniques, ce qui lui a valu d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais la disparition de la faune, le braconnage et l’exploitation minière avaient entraîné son inscription sur la liste du patrimoine en péril de l’UNESCO de 2007 à 2024.
Des mesures ont depuis été prises pour améliorer la situation : surveillance de la faune, lutte contre le braconnage et l’orpaillage illégal, et mise en place d’un système de contrôle de la pollution minière. Le parc n’est désormais plus considéré comme étant en danger.
Les éléphants jouent par ailleurs un rôle clé dans l’équilibre de cet écosystème.
Philipp Henschel précise :
« Ils sont essentiels pour l’écologie du parc, car ce sont des espèces structurantes. Ils déracinent des arbres, ce qui favorise la pousse des herbes dont dépendent les herbivores comme les buffles et les antilopes. Ces herbivores sont à leur tour nécessaires aux lions, que nous cherchons également à protéger. »
« L’éléphant est ce qu’on appelle une espèce clé de voûte. Pour le parc, leur retour serait un avantage écologique, mais cela doit aussi être acceptable pour les populations locales vivant autour du parc. Et c’est là, je pense, la grande question à résoudre. »
L’éléphant de savane d’Afrique est actuellement classé en danger sur la liste rouge de l’UICN, ses populations en Afrique de l’Ouest ayant drastiquement chuté à cause du braconnage et de la réduction de leur habitat naturel.