Le président intérimaire syrien, Ahmad al-Sharaa, a déclaré mercredi que son pays menait des pourparlers indirects avec Israël afin d’éviter que les récentes hostilités ne dégénèrent.
Paris : le président syrien plaide pour la levée des sanctions occidentales
Il s’exprimait lors de sa première visite en Europe depuis son entrée en fonction en janvier, alors qu’il cherche à renforcer les liens avec les pays occidentaux.
Israël a mené la semaine dernière une série de frappes aériennes sur des zones en Syrie, affirmant vouloir protéger la minorité druze du pays contre les attaques de miliciens pro-gouvernementaux.
S’adressant à des journalistes à Paris, al-Sharaa a déclaré :
« Concernant les négociations avec Israël, il y a des discussions indirectes via des médiateurs pour calmer la situation afin qu’elle ne devienne pas incontrôlable. »
Il n’a pas précisé l’identité des médiateurs. Aucune réaction publique immédiate n’a été émise par Israël.
Israël, qui possède sa propre communauté druze, a déclaré qu’il protégerait les Druzes de Syrie et a mis en garde les groupes islamistes contre toute incursion dans les zones majoritairement druzes.
Al-Sharaa a rencontré plus tôt dans la journée le président français Emmanuel Macron, qui a déclaré vouloir faire pression sur l’Union européenne et les États-Unis pour lever les sanctions contre la Syrie afin de relancer son économie.
Macron a également appelé au maintien de la présence militaire américaine et internationale en Syrie pour combattre les groupes terroristes menaçant la sécurité au Moyen-Orient et en Europe.
Al-Sharaa est arrivé au pouvoir après que son groupe islamiste, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une offensive ayant renversé l’ancien président Bachar el-Assad en décembre.
Assad, membre de la minorité alaouite, syrienne, avait dirigé le pays pendant plus de vingt ans.
La visite du dirigeant syrien à Paris intervient une semaine après des affrontements entre les forces loyales à al-Sharaa et des combattants de la minorité druze, qui ont fait près de 100 morts.
Ces violences font suite à d’autres affrontements dans la région côtière de la Syrie entre des miliciens sunnites et des membres de la minorité alaouite, qui ont causé la mort de plus de 1 000 personnes, dont de nombreux civils alaouites tués lors d’attaques de représailles.
Les minorités religieuses en Syrie, notamment les Alaouites, les chrétiens et les Druzes, craignent des persécutions sous le gouvernement dominé par les sunnites.
Al-Sharaa a à plusieurs reprises promis que tous les Syriens seraient traités de manière égale, quelle que soit leur religion ou leur origine ethnique.
Le conflit, qui dure depuis 14 ans, a fait près d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.
Les infrastructures du pays sont en ruine, et les sanctions internationales restent un obstacle majeur à la reconstruction.
La visite à Paris est suivie de près, considérée comme un test de la volonté de l’Europe de s’engager avec la nouvelle direction syrienne.
L’Union européenne a commencé à alléger certaines sanctions, suspendant les mesures visant les secteurs du pétrole, du gaz, de l’électricité, ainsi que les transports, y compris l’aviation, et les restrictions bancaires.
L’UE a déclaré qu’elle continuerait à suivre l’évolution de la situation en Syrie pour envisager d’autres allègements, bien que ses 27 États membres restent divisés sur la question.